En ce crépuscule d’août, alors que les caprices météorologiques s’abattent sur La Côte-Saint-André, ce cadre tumultueux prépare le terrain pour une soirée musicale de haut vol. Dans le cadre du Festival Berlioz, la prestation « Hommage à Pauline Viardot » se dessine avec la promesse de dépeindre la carrière multiple de cette artiste à travers les rôles emblématiques du répertoire français et italien qu’elle a jadis incarnés. Un panorama musical éclectique s'annonce, faisant dialoguer Gluck, Berlioz, Rossini, Donizetti, Massenet et Gounod.

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Marina Viotti, Christophe Rousset et Les Talens Lyriques
© Festival Berlioz / Bruno Moussier

Le rideau se lève avec une ouverture explosive, celle d’Orphée et Eurydice de Gluck. Les Talens Lyriques, habillés d’instruments d’époque et alignés dans la disposition du XIXe siècle, projettent une énergie contagieuse. L'ensemble résonne... tout comme la pluie martelant les parois de la scène dans la cour du château Louis XI. La direction ardente de Christophe Rousset, qui troque la baguette de chef pour le modelage expressif du son de ses mains, donne vie à une interprétation engagée.

La scène accueille ensuite Marina Viotti, dont le timbre rond et chaleureux s’épanouit. Son articulation limpide et sa diction précise lui permettent de maîtriser les passages a cappella, malgré le bruit ambiant causé par les intempéries. L’enthousiasme communicatif de l’orchestre, par moments, risque de voiler sa voix... Toutefois la fusion des entrées instrumentales apporte cohérence et unité à la performance.

Marina Viotti, Christophe Rousset et Les Talens Lyriques © Festival Berlioz / Bruno Moussier
Marina Viotti, Christophe Rousset et Les Talens Lyriques
© Festival Berlioz / Bruno Moussier

Récente lauréate du prix de l’artiste lyrique de l’année aux Victoires de la Musique, la mezzo prend une allure plus assurée dans les extraits de Rossini, exhibant des envolées vocales puissantes. Les transitions entre les registres sont fluides et la maîtrise technique manifeste. Afin d’épauler la chanteuse, les musiciens jouent des nuances dynamiques, soulignant certains mots chantés pour renforcer l’impact émotionnel.

Face à l’humidité croissante, un accord des instruments s’impose entre chaque morceau. Ces conditions particulières engendrent malgré tout quelques aspérités dans la justesse, en particulier au sein du pupitre des cors. Sous une pluie battante, le spectacle se poursuit avec des extraits de La Favorite de Donizetti. Sans tomber dans l’exagération, Marina Viotti transmet avec émotion les passions de l’âme que la partition évoque. Évitant tout excès, son art de l’expression musicale se révèle indéniable.

L’orchestre, bien que parfois un peu trop enthousiaste, retrouve son équilibre et s’harmonise avec la voix de l’artiste durant la seconde partie du concert, notamment dans l'« Adieu, fière cité » des Troyens de Berlioz, où le phrasé délicat et naturel de la chanteuse mérite l’admiration. Le spectacle atteint son apogée avec l’extrait « Où suis-je ? » de Sapho de Gounod. L’interprétation théâtrale et émouvante délivre tout l’impact dramatique du dénouement tragique. La voix et les instruments fusionnent parfaitement, suscitant des applaudissements nourris pour cette démonstration de virtuosité. Décidément, ce concert « Hommage à Pauline Viardot » aura transcendé les conditions climatiques pour dévoiler une performance musicale captivante.


Le voyage de Manon a été pris en charge par le Festival Berlioz.

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