Christopher Alden crée une mise en scène originale de Norma, opéra romantique majeur du XIXe siècle et icône du répertoire lyrique. Sous la direction de John Fiore, l’Orchestre National de Bordeaux interprète cette œuvre emblématique de Bellini. Norma est connue pour sa célèbre invocation à la lune Casta diva, interprétée par les plus talentueuses chanteuses (notamment Maria Callas, Joan Sutherland). La chanteuse d’origine sud-africaine Elza van den Heever s’attaque après elles, et pour la première fois, à l’un des rôles les plus difficiles du répertoire italien pour soprano.
L’intrigue de Norma se fonde sur la fidélité à sa patrie dans ses rites sacrés et ses origines, pour laquelle l’héroïne parjure va décider de mourir. Dans la Gaule occupée par les Romains, la prêtresse Norma a secrètement épousé le Proconsul romain Pollione et a eu deux enfants de lui. Cela fait d’elle une traîtresse pour sa patrie car elle a violé ses vœux sacrés et offensé son dieu. Pollione n’éprouve plus de sentiments pour Norma mais est éperdument amoureux d’Adalgisa, une jeune prêtresse gauloise amie de Norma. Desespérée, Norma tente de le faire renoncer à Adalgisa mais celui-ci préfère mourir. Norma avoue sa faute aux siens et est condamnée, comme Pollione, au bûcher.
Le génie de la mise en scène de Christopher Alden réside dans le tronc d’arbre totémique qui définit l’espace et lui confère un caractère religieux. Soutenu par un système de cordes qui permettent de le soulever et de le placer différemment sur la scène, il est l’élément central et sacré. Sculpté de symboles mystiques, il incarne Irminsul. Maintes fois évoqué par Oroveso, druide et père de Norma, il s’agit de l’arbre dédié à une divinité saxonne de la guerre. Le metteur en scène a d’ailleurs choisi de transporter l’action vers l’époque de la composition (au début du XIXe siècle) et dans un cadre rural rappelant le nord de l’Angleterre ou du Pays de Galles. Le culte des druides était en effet pratiqué par certaines communautés de ces régions.
Cependant, le choix des costumes a été plus moderne, de façon à ne pas introduire une trop grande distance avec le public d’aujourd’hui : les personnages ne sont pas montrés vêtus de péplums, mais d’habits plus classiques et contemporains. Les costumes de Sue Wilmington et les décors de Charles Edwards se fondent entre eux et avec le décor principal qu’est le tronc sacré. Les teintes sombres marron et grises s’allient naturellement avec la couleur du bois. La robe de Norma est faite de dessins religieux : les différents symboles d’Irminsul y sont représentés. Cette mise en scène est sublimée par le jeu de lumières orchestré par Adam Silverman. Un éclat mystérieux empreint constamment la scène et semble provenir de la Lune.