L’Orchestre de l’Opéra de Lyon se déplace ce soir à La Côte-Saint-André, pour un concert symphonique placé sous la baguette de son actuel directeur musical Daniele Rustioni, en poste à Lyon depuis sa nomination en 2017 au titre de chef principal. Dirigeant surtout l’opéra dans la capitale des Gaules, sans exclure toutefois le répertoire symphonique, le chef italien a pu démontrer tout son talent au cours de ces riches années, obtenant régulièrement de vifs succès, aussi bien dans les titres italiens que lorsqu’il sert Tchaïkovski, Wagner, Britten et bien d’autres.

Daniele Rustioni dirige l'Orchestre de l'Opéra de Lyon au Festival Berlioz © Festival Berlioz / Bruno Moussier
Daniele Rustioni dirige l'Orchestre de l'Opéra de Lyon au Festival Berlioz
© Festival Berlioz / Bruno Moussier

L’habituel enthousiasme et l’énergie insufflée à ses instrumentistes par Rustioni sont bien prégnants ce soir au Festival Berlioz, dans un programme qui pose tout de même question. Les trois pages symphoniques choisies pour illustrer Roméo et Juliette de Berlioz sont en effet extraites des deux premières parties de sa « symphonie dramatique », à l’exclusion donc de sa troisième et dernière partie, justement bien plus dramatique. Après un tout petit temps pour coordonner parfaitement les premières attaques des cordes, on apprécie la douceur du jeu, la clarté des mélodies, l’équilibre entre les pupitres qui permet de distinguer confortablement chaque musicien. Les contrastes ressortent aussi, entre moments délicats et tuttis plus éclatants, comme lors de la « Grande fête chez Capulet ».

Mais même si les accents du hautbois et du cor anglais, instruments souvent sollicités dans l’écriture berliozienne, sont empreints d’une certaine mélancolie, c’est tout de même la joie, la légèreté qui dominent dans ces pages. Surtout à l’écoute du dernier extrait, le scherzo de « La Reine Mab » qui court comme un feu-follet… et pourrait nous faire penser que tout ira pour le mieux pour les amants de Vérone, qu'ils se marieront et auront beaucoup d’enfants !

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Daniele Rustioni dirige l'Orchestre de l'Opéra de Lyon au Festival Berlioz
© Festival Berlioz / Bruno Moussier

Après l’entracte, on passe aux deux suites extraites par Maurice Ravel lui-même de sa « symphonie chorégraphique » Daphnis et Chloé, autre intrigue amoureuse mais au destin moins funeste. Avec un orchestre légèrement plus fourni, on entend d’emblée la modernité musicale des percussions, ainsi que les contours mélodiques alambiqués du solo de flûte initial, qui accrochent et charment immédiatement l’oreille. Cette soudaine confrontation auditive avec la première partie ferait presque passer Berlioz pour un compositeur d’un certain passé académique... Pas sûr que ce soit, sur les terres berlioziennes, le but initial recherché par le Festival !

Pour revenir à Ravel, l’ambiance y est pastorale, mais aussi teintée d’un certain mystère qui paraît planer. Dans une riche texture orchestrale, la paix de la nature est rendue avec goût par les harpes, l’orgue et surtout les bois pour les chants d’oiseaux, en particulier la flûte dans son long et difficile solo de la deuxième suite. Rustioni accentue encore les contrastes entre séquences douces et crescendos qui montent vers des tuttis littéralement explosifs, jusqu’à se rapprocher dangereusement d’un style pompier qu’il n’est pas indispensable d’imposer à l’auditoire.

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Daniele Rustioni dirige l'Orchestre de l'Opéra de Lyon au Festival Berlioz
© Festival Berlioz / Bruno Moussier

Malgré les chaleureux applaudissements de la part du public, les artistes n’accorderont aucun bis, renforçant ainsi l’impression d’un concert un peu parcimonieux à l’issue des trente minutes de la seconde partie.


Le voyage d'Irma a été pris en charge par le Festival Berlioz.

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