Arborant sa récente distinction d’« Orchestre National en Région », l’Orchestre de Cannes met un point d’honneur à se produire dans les différentes villes de son département. L’ensemble foule aujourd’hui les planches d'anthéa, l'Antipolis Théâtre d’Antibes, pour un programme centré sur le romantisme tardif, démarrant par l’illustre prélude de Tristan et Isolde de Richard Wagner et s’achevant au cœur des terres tchèques de Bedřich Smetana.

En ce dimanche après-midi, l’atmosphère enjouée de l’audience antiboise se conjugue à merveille avec les festivités carnavalesques prenant fin ce week-end. C’est dans cette ambiance chaleureuse qu’apparaît l’ensemble Sympho New, qui a la particularité de mêler des élèves des conservatoires locaux aux musiciens expérimentés de l’Orchestre de Cannes. Très vite, l’accordage des instrumentistes laisse place à l’intonation des premières notes du prélude de Tristan et Isolde rondement dirigé par Michel Tabachnik. S’instaure alors un climat mystérieux souligné par une attention toute particulière accordée aux silences. Malgré un léger manque de cohérence dans l’enchainement des parties, de captivantes montées dynamiques se font entendre.
S’ensuivent deux pièces pour effectif réduit : la Musique de cour pour guitare et orchestre du compositeur franco-polonais Alexandre Tansman et le Concerto pour saxophone alto et orchestre d’Alexandre Glazounov. Les quarante-huit jeunes talents ayant quitté l’ensemble, c’est au tour du professeur Philippe Mariotti d’entrer en scène. Le musicien se distingue par la stabilité de son tempo et ses entrées en fondu bien appliquées. L’orchestre se montre d’un soutien sans faille, notamment lorsqu’il s’agit de rendre en fin de parcours le caractère allègre, plébiscité par le public. S’illustre ensuite le saxophoniste italien Nicola Peretto, interprétant le dernier des concertos écrits par Glazounov. Le soliste se révèle remarquable lors de l’exécution de traits rapides. On admire tout autant sa maîtrise de la respiration continue que ses effets expressifs accrus grâce à la mémorisation préalable de la partition.
Le concert se poursuit avec la deuxième suite de Daphnis et Chloé composée par Maurice Ravel. Les jeunes faisant leur retour sur scène, l’orchestre retrouve à l’occasion son effectif complet. Les artistes proposent une version incarnée, mettant en valeur les différents mouvements dépeints. Entre submersions, ondulations et autre déferlement de vagues sonores, le rendu est incontestablement investi dramatiquement. La gestuelle du chef participe également à cette richesse expressive : sa direction ample et fluide balaie l’espace latéral de manière régulière. Les cordes, dont la place dans la partition est considérable, arborent un son rond et chaleureux. Énergiques, les trompettes insufflent la vitalité de l’exultation finale.
La programmation se conclut sur une pièce particulièrement estimée par l’audience, La Moldau de Bedřich Smetana. Les musiciens optent pour une lecture énergique du voyage entre les paysages de Bohême. Si les flûtes et le triangle déséquilibrent parfois les textures de tutti par leur mise en exergue, les soufflets effectués ravissent l’oreille. La polka est joviale, tendre et réussie, tout comme le sont les effets d’appels des trombones au lointain. Mention spéciale pour les prestes changements d’intensité et les accélérations internes qui apportent à l’œuvre tout le dynamisme qu’elle requiert. En somme, le Sympho New aura conquis les spectateurs par son usage éloquent d’une riche palette de nuances.