Beau programme pour ce concert exceptionnel de l’Orchestre de la Suisse Romande qui a offert à entendre le fameux Concerto pour violon de Johannes Brahms ainsi que le non moins reconnu Sacre du printemps.
C’est sous la direction souple de Jonathan Nott que l’orchestre entame dans la suavité et la rondeur ce concerto de Brahms. Le violoniste arménien Serguey Khachatryan, auréolé de collaborations prestigieuses auprès de chefs tels Valery Gergiev, Daniele Gatti, Vasily Petrenko et accompagné des plus grandes phalanges, offre ici une vision lumineuse. Tout semble naturellement porté par une interprétation heureuse de l’œuvre et un vibrato serein, sur un fil, totalement dans l’émotion, nous laissant dans un sentiment duveteux. On apprécie une cadence au son brut et boisé versant dans une âpreté toute romantique. Le violon de Sergey Khachatryan, poignant dans ses évocations solaires, est poétique et ravit l’âme dans un mouvement qui lui convient particulièrement bien. Son vibrato délicat ourle d’une émotion simple les phrases divines créées par Brahms qui rappellent ici dans le second mouvement la paisible émotion religieuse que l’on retrouve par endroits dans son Requiem Allemand.
Le troisième mouvement, enlevé, fait valoir des trilles de flûtes très extérieures, le tout restant cependant un peu saucissonné malgré les envolées du solistes particulièrement bien amenées. Et si on relève quelques difficultés de justesse et d’homogénéité chez les cors qui nous avaient gratifiés ces derniers mois de très belles prestations, l’ensemble a « de la gueule » et est gratifié d’une belle ovation à laquelle répondra un Adagio de la 1ère Sonate de Bach de haute volée.