Dans le cadre du Festival Piano Pic et de sa 22e édition, Adam Laloum donnait un récital à l'abbaye cistercienne de l'Escaladieu, au pied des Pyrénées. Le concert s'articulait autour de trois figures du romantisme musical allemand : Beethoven, Schumann et Schubert. Ces trois compositeurs sont bien connus du pianiste français qui les fréquente depuis toujours et leur a consacré une part importante de sa discographie.
Ludwig van Beethoven, père du romantisme, vient logiquement en première place avec la Sonate n° 28 en la majeur opus 101. Les organisateurs y voient ici un indice à la place centrale que le compositeur tiendra dans la prochaine édition du festival dans le cadre du 250e anniversaire de sa naissance. Adam Laloum affiche dès l'« Etwas lebhaft, und mit der inngsten Empfindung » un rubato romantique léger mais propose un jeu très retenu. À cette image, la chevauchée du deuxième mouvement (« Lebhaft, marschmäßig ») est un exemple d'équilibre entre les différentes voix et registres proposés par la partition. Ce sont surtout les cadences beethoveniennes que le pianiste appuie particulièrement pour mieux retourner à l'écriture contrapuntique. Le court « Langsam und sehnsuchtsvoll » est peu méditatif et c'est finalement le dernier mouvement qui va se révéler le plus romantique car plus riche en contrastes, avec des ornements qui deviennent, à l'aide d'un rubato plus marqué, plus expressifs que classiques et décoratifs.
La Grande Humoresque opus 20 de Robert Schumann, malgré un style assez différent de la pièce précédente, rentre dans la même logique interprétative. La mélodie est certes mise en avant mais l'accompagnement semble traité de la même manière, le tout dans un début très fluide. Les premières envolées et premiers traits rapides sont proposés avec un rubato toujours très mesuré. Adam Laloum fait ressortir l'écriture ponctuellement contrapuntique du morceau sans donner le primat à l'aigu. Ceci lui permet de proposer des jeux de contrastes sur les nuances mais surtout entre les registres, en particulier médiums et graves. La technique pianistique n'est pas en reste : les piqués sont majestueux, les accords arpégés très brillants. Hormis dans le récitatif final et ses grands accords forte, le pianiste privilégie l'équilibre contre la mélodie accompagnée et surtout, sans doute à cause de l'acoustique très résonnante de la salle, évite les nuances trop fortissimo.