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Trilogie Monteverdi à la Philharmonie : un Orfeo sublimé par Sir John Eliot Gardiner

Von , 19 September 2017

Cette œuvre d’une richesse inépuisable qu’est l’Orfeo de Monterverdi ouvre cette trilogie programmée en ce début de saison à la Philharmonie à l’occasion du 450ème anniversaire de sa naissance. La puissance dramatique et l’originalité esthétique de l’œuvre, de même que la place toute particulière qu’elle occupe dans l’histoire de l’art lyrique en font l’une des œuvres baroques parmi les plus fréquemment données à entendre. Qu’il s’agisse de représentations mises en scène, de concerts ou d’enregistrements, nombreux sont les points de comparaison et nombreuses sont les versions historiques auxquelles nous nous référons.

Sir John Eliot Gardiner ne propose pas ici une nouvelle lecture de l’Orfeo, mais sublime ce que la partition contient de nuances et d’équilibres. Habitué à diriger l’œuvre, il révèle avec délicatesse la complexité de la structure musicale à laquelle les musiciens du English Baroque Soloists donnent corps. La mise en espace minimale pensée par le chef et Elsa Rooke accompagne avec finesse la progression du drame, mais c’est essentiellement l’expressivité et la théâtralité des interprètes qui nous permet de nous figurer cette lecture néo-platonicienne du mythe d’Orphée et Eurydice perceptible dans le livret de Striggio.

La distribution vocale, harmonieuse et composée d’interprètes aussi convaincants scéniquement que vocalement, est notamment portée par Krystian Adam, dont le timbre ample et lumineux confère à son Orfeo une aura toute particulière, notamment dans le duo « Saliam Cantando al Cielo » qu’il partage avec Furio Zanasi, excellent en Apollo. Soulignons également d’emblée la remarquable Messagiera que fut Lucile Richardot, mezzo si proche du contralto dont la puissance vocale et la parfaite maîtrise du souffle n’entrave en rien sa diction et son expressivité. Des aigus lumineux supplantent des graves regorgeant de noirceur, et rarement l’effet produit par une Messagiera fut aussi intense. Hana Blažíková, qui interprète La Musica et Euridice dispose d’une voix ample et nuancée et parvient à aller la fragilité à l’éclat dramatique nécessairement dominant dans le rôle. Proserpina, interprétée par Francesca Boncompagni, est également très convaincante mais semble manquer quelque peu de puissance dans l’émission sonore. Gianluca Buratto, qui interprète Caronte et Plutone, dispose quant à lui d’un timbre solennel, profond mais néanmoins très suave et aux aigus développés. Notons également la qualité et la grâce de la voix de Kangmin Justin Kim (Speranza), et la profondeur glaçante de la voix de John Taylor Ward dont la tessiture baryton accueille aussi bien la chaleur et la sensualité que la gravité et la froideur. 

*****
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“rarement l’effet produit par une Messagiera fut aussi intense”
Rezensierte Veranstaltung: Philharmonie de Paris: Grande salle Pierre Boulez, Paris, am 16 September 2017
Monteverdi, L'Orfeo, SV 318
Monteverdi Choir
English Baroque Soloists
Sir John Eliot Gardiner, Musikalische Leitung
Elsa Rooke, Regie
Patricia Hofstede, Kostüme
Krystian Adam, Tenor
Hana Blažíková, Sopran
Lucile Richardot, Mezzosopran
Francesca Boncompagni, Sopran
Gianluca Buratto, Bass
Kangmin Justin Kim, Countertenor
Furio Zanasi, Bariton
Francisco Fernández-Rueda, Tenor
Gareth Treseder, Tenor
John Taylor Ward, Bass
Michał Czerniawski, Countertenor
Zachary Wilder, Tenor
Anna Dennis, Sopran
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