Pour le deuxième concert de sa saison, l'association Les Arts Renaissants invitait Thomas Bloch, spécialiste des instruments rares, et Il Gardellino, ensemble belge de musique ancienne sur instruments d'époque, pour une collaboration originale. L’occasion était ici de donner à voir et à entendre un instrument peu usité et dont l’histoire confine à la légende : l’harmonica de verre. Mis en valeur dans le répertoire classique, notamment par Mozart, l’instrument à la sonorité particulière était présenté ici dans une configuration de chambre, bénéficiant de l’acoustique remarquable de l’église Saint-Jérôme de Toulouse.
Dans un concert assez court, Thomas Bloch prend la parole par deux fois en alternant présentation de son instrument mais aussi du cor anglais, et anecdotes historiques afférentes. Il contextualise ainsi l’harmonica de verre, depuis sa création par Benjamin Franklin en 1761 à partir du séraphin jusqu’à son interdiction et sa disparition au début du XIXe siècle. L’approche de l’instrument, tournant en continu durant tout le concert grâce à l’électricité et sa préparation elle-même, avec des petits contenants d’eau en arrière-scène où Thomas Bloch s’humidifie les mains, donne au concert une dimension presque rituelle. L'instrument occupant une place centrale, sur le piédestal près de l’autel, on peut voir la technique de jeu du musicien, notamment pour les accords et l’écartement de la main gauche comme sur un piano.
Rappel inclus, le public entendra finalement l’instrument trois fois. L’Adagio en ut majeur de Mozart dédié à l’harmonica de verre introduit très pédagogiquement celui-ci seul, laissant ses harmonies remplir l’ensemble de l’église. L’Adagio et Rondo K617 permet ensuite une fusion des timbres particulièrement subtile et soignée, même si la pièce est souvent constituée d’une alternance entre les interventions solitaires de l’harmonica et les moments collectifs. En bis, l’ensemble proposera un arrangement par Mozart de l’Ode à Sainte-Cécile de Haendel. Cette dernière pièce, habilement placée en fin de concert, laisse le public sur une suspension parfaite : l’écriture explore vraiment les possibilités de l’instrument, et Thomas Bloch travaille joliment l'ornementation pour mieux magnifier la pièce.