La saison lyrique du Théâtre du Capitole s’achevait avec le dernier des opéras de Puccini : Turandot, œuvre inachevée, terminée par son compatriote Franco Alfano. Drame noir, ayant pour toile de fond une princesse emprunte de cynisme, ne croyant pas en l’Amour et faisant exécuter tous ses prétendants. La production rassemblait bon nombre de figures nouvelles pour les planches toulousaines. Elle réunissait une dernière fois Orchestre, Chœur et Maîtrise du Capitole pour cette œuvre d’un seul tenant, sous la baguette du chef suédois Stefan Solyom.
D’un bout à l’autre de la pièce, Calixto Bieito (mise en scène), Lutz Schwarz (collaboratrice mise en scène) et Rebecca Ringst (décors) faisait le choix d’un seul et même décor extrêmement épuré et non modulable, fait de cartons entassés et de projections vidéo en arrière-plan (Sarah Derendinger). Le public semble peu convaincu par l’ambiance. On se sent en revanche totalement transportés dans une Chine très moderne et industrielle, avec des choristes tous vêtus de la tenue bleue et du débardeur blanc de l’ouvrier ordonné, grâce aux costumes d’Ingo Krugler. Le tout reste tout de même très statique et pauvre.
On cherche du regard la voix narratrice et épisodique du Mandarin (Dong-Hwan Lee) qui apparait au milieu des cartons suspendus au-dessus du vide. Solyom soutient l’ouverture magistrale en demandant le plus puissant fortissimo à son orchestre sur les tutti, disparaissant aussitôt pour les parties chantées. Les retrouvailles du Prince inconnu / Calaf (Alfred Kim), de son père Timur (In Sung Sim) de son esclave Liù (Eri Nakamura) secrètement amoureuse du prince nous plongent au cœur de l'action tragique. Lorsque ce dernier lui demande pourquoi elle est restée auprès de son père, Liù lui répond d’une magnifique tenue vibrante et dosée « Perché un dì… nella reggia, mi hai sorriso », annonçant une prestation particulièrement poignante de la chanteuse. Les chœurs et la maîtrise ponctuent tout le long de l’opéra par des thèmes épiques pentatoniques remarquablement bien soutenus par l’orchestre sans que l’un prenne le pas sur l’autre.