Le Théâtre national de Chaillot accueille la Sydney Dance Company au cours du mois d’avril, avec au programme trois chorégraphies de son répertoire récent : une création de Gabrielle Nankivell, chorégraphe contemporaine australienne, une pièce de Cheng Tsung-Iung, chorégraphe résident du Cloud Gate Theater (Taïwan), et une composition de Rafael Bonachela, chorégraphe contemporain espagnol et surtout directeur de la Sydney Dance Company depuis 2009. Les trois œuvres que la compagnie présente en tournée, sans être forcément renversantes d’un point de vue chorégraphique, permettent de comprendre le tournant contemporain, voire moderne, qu’a impulsé Rafael Bonachela à la compagnie au cours des années. C’est aussi l’occasion d’admirer de magnifiques talents dans un spectacle plus savoureux par la danse que par la qualité de la création artistique.
Le rideau s’ouvre sur Wildebeest, créée en 2017 par la chorégraphe australienne Gabrielle Nankivell. Wildebeest, qui signifie « gnou » en anglais, est une chorégraphie abstraite, moderne, violente, où le mouvement incarne une certaine animalité. A l’ouverture du rideau, un rai de lumière tombe sur un homme accroupi au centre de la scène. Rampant avec agilité, tournant la tête avec la brusquerie d’une proie traquée, ses gestes évoquent ceux d’une bête étrange, menaçante et menacée. Une bande-son agressive, faite de bruitages percussifs, gronde comme un orage. L’homme court et tourne sur lui-même alors que surgissent de la pénombre d’autres danseurs, qui tournoient et se heurtent à lui. Puis l’obscurité se lève et on entrevoit la meute, dans une séquence réussie de jeux de bras saccadés et répétés à très grande vitesse par l’ensemble des danseurs. Le spectacle s’achève sur une scène de lutte sous une lumière stroboscopique, qui fait un parallèle entre les combats de mâles dominants dans les meutes et les battles de hip-hop.