Le dimanche 25 septembre, le BBC Scottish Symphony Orchestra (BBC SSO) donnait son premier concert à Edimbourg pour la saison 2016/2017. Deux œuvres étaient au programme, le Concerto pour piano n°27 de Mozart, et la Symphonie n°9 de Bruckner, dirigées par Thomas Dausgaard avec Imogen Cooper au piano. S’il est toujours plaisant d’assister à la restitution irréprochable d’un concerto de Mozart, une certaine frustration résidait pourtant côté public à la fin de la première partie ; la symphonie de Bruckner a été interprétée d’une façon autrement plus magistrale et captivante.
Lorsqu’Imogen Cooper entre sur scène, une aura l’accompagne. Cette dame élégante, pianiste réputée, impose le respect rien que par la noblesse naturelle de son allure. Le Concerto pour piano n°27 de Mozart commence par une longue introduction orchestrale, où l’on remarque immédiatement qu’un travail minutieux a été fait sur la partition par Thomas Dausgaard. Chaque détail est pensé, chaque section est interprétée avec une grande précision ; cela entraîne à certains moments un léger manque de coordination entre les pupitres, mais rien de dérangeant. Le piano fait son entrée avec la gracieuse sobriété qui caractérise Imogen Cooper. Elle joue sa partie avec délicatesse et naturel, sans fioritures, d’une manière très droite, directe, sincère et parfaitement juste – dans l’esprit mozartien. On constate une imperceptible différence d’intention entre le piano et l’orchestre, ce qui se traduit par une démarcation sonore entre la soliste et le tutti (aussi due à l’acoustique de la salle) : Imogen Cooper propose une interprétation plus classique que romantique, alors que le BBC SSO opte pour plus de lyrisme dans son approche. Le deuxième mouvement est absolument remarquable, le mouvement le plus abouti des trois ; ici, l’homogénéité entre les instruments est quasi parfaite, et l’émotion pure qui se dégage du délié parfait d’Imogen Cooper contribue à instaurer une atmosphère de profonde contemplation. Une belle dynamique se dégage aussi du troisième mouvement, enlevé et espiègle. C’est le moment où l’on prend pleinement conscience de la virtuosité de la soliste, fondée sur l’agilité et le raffinement de son doigté, à l’opposé d’une expressivité exubérante. Toutefois, l’humeur générale reste un peu sage pour un Allegro. Il y a peu de variations dans les registres de narration, et la cadence pianistique n’est pas aussi pétillante qu’on le voudrait. On a l’impression que le sentiment est quelque peu retenu dans le jeu, comme par pudeur… C’est vraiment dommage, étant donné la qualité indéniable de l’interprétation dans sa globalité.