Après une édition 2020 minimaliste car durement touchée par la pandémie, le festival Bach en Combrailles affiche de nouveau une programmation riche et pertinente. Pause fraîcheur de midi, le récital d’orgue sur la belle copie de l’orgue d’Arnstadt éveille les sens avant les concerts de mi journée et du soir dans les églises environnantes.
En cette nuit du 10 août, l’église d’Herment accueille l’ensemble Les Timbres (ensemble en résidence) pour un programme entièrement consacré à Telemann : un ensemble de trios valorise la virtuosité individuelle, entre deux ouvertures inspirées de la suite de danses française. Dans ces pièces brillantes, Les Timbres révèlent une maîtrise impressionnante du souffle musical et irriguent les formules les plus banales de couleurs originales. Parmi les moments forts du concert, on retiendra une passacaille dont l’allure très française bascule rapidement vers une exubérance toute italienne, une noble sarabande en sol au parfum capiteux, ainsi que des épisodes fugués d'une lisibilité remarquable dans cette acoustique généreuse.
Les trios accusent de nombreux points communs avec l’écriture de Bach, notamment dans les mouvements lents du trio pour violon et viole de gambe ; ailleurs, le contrepoint évoque un Händel mâtiné de Corelli. Les musiciens rendent compte de ces nombreuses influences par un art infiniment varié de l’ornementation qui atteint des sommets chez les violonistes Yoko Kawakubo et Yuki Koike.
Particulièrement émouvant, le jeu de Stefanie Troffaes au traverso apporte une autorité fascinante au trio en sol majeur, et la viole de Myriam Rignol passe avec l’aisance qu’on lui connaît d’une ligne de basse impeccablement phrasée aux épisodes solistes les plus éblouissants. Belle vocalité également dans le tendre et moelleux hautbois de Benoit Laurent qui trouve un parfait équilibre avec le jeu très animé de la bassoniste Yukiko Murakami. Révélation d’une musique largement sous-estimée et confirmation d’un des plus beaux ensembles de chambre baroques : de belles retrouvailles avec un public venu nombreux.
Le voyage de Philippe a été pris en charge par le festival Bach en Combrailles.