Le Festival de Toulouse est né il y a quatre ans de l’obstination d’un homme, un des meilleurs mandolinistes de la scène mondiale : Julien Martineau. Pour un public heureux de se saouler de beaux sons, en ce mois de juillet musicalement morose dans la Ville Rose, il offre un beau mélange des genres où le classique côtoie le jazz, la pop ou le blues, avec de grands noms comme Dee Dee Bridgewater, Véronique Sanson ou Arthur H.

Patrick Messina © Patrick Messina
Patrick Messina
© Patrick Messina

Il y a quelques jours, les festivaliers se sont régalés avec Adam Laloum dans un exceptionnel récital Schubert. Ce lundi soir, on nous promet un condensé de la fameuse année 1791 (on se souvient de l’excellent ouvrage de H. C. Robbins Landon à ce sujet), pendant laquelle Mozart composa notamment trois chefs-d’œuvre : La Flûte enchantée, dont on entendra l'ouverture, le Requiem et le Concerto pour clarinette.

Pour ce dernier, Patrick Messina, supersoliste de l’Orchestre National de France, est entouré de l’Orchestre du Printemps dont on reparlera. En quelques notes, il met tout le monde d’accord : au-delà d’une maîtrise absolue de son instrument, du contrôle parfait du son, c’est un chant d’un lyrisme confondant de beauté, à chaque instant, qui nous emporte.

Il aurait pu être tenté de faire sa star, car c’est lui l’étoile de ce soir, mais non, il reste un parfait serviteur de la musique de Mozart, n’ajoutant ni ne retranchant aucune intention. Alors qu’il doit jouer ce concerto pour la 247e fois, qu'il l'a déjà enregistré avec Riccardo Muti, il trouve le moyen de nous étonner, de nous surprendre. On reste bouleversé par la densité et la puissance des pianissimos qu’il propose. L’« Adagio » en est transformé, éclairé comme par une douce lumière automnale. Et la simplicité du chant du rondo final est parfaitement rendue grâce à un tempo qui n’est jamais précipité.

Seulement voilà, l’orchestre n’est malheureusement pas au niveau du soliste. Constitué d'élèves de conservatoires européens et des CNSMD de Paris et Lyon, il pourrait intrinsèquement sonner comme un orchestre professionnel ; de nombreuses phalanges ont ainsi prouvé que la valeur n'attendait pas toujours le nombre des années (Gustav Mahler Jugendorchester, Orchestre Français des Jeunes...). Mais l'effectif trop léger ne permet pas aux musiciens de trouver une cohésion d'ensemble, d'autant plus dans l'acoustique ingrate du Théâtre de la Cité... Celle-ci assourdit d'ailleurs l’ensemble vocal Nota Bene, qu’on aura du mal à entendre tout au fond, dans le Requiem, malgré son effectif quant à lui bien trop important – près de 60 choristes !

Tout ceci n'excuse pas entièrement la quantité d'approximations (décalages, fausses notes) auxquelles on aura droit, sous la direction peu inspirée d'un chef qu'on préfère dans son rôle de baryton, Edwin Crossley-Mercer. On ne s'attardera donc pas sur l’interprétation de l’ouverture de La Flûte et du Requiem… mais on guettera avec impatience la programmation de l’année prochaine !

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