L'Orchestre Symphonique de Mulhouse dirigé de manière précise et fort communicative par David Reiland a proposé en ce dernier week-end d'avril son septième concert symphonique 2017-2018. L'Ouverture de l'Enlèvement au Sérail de Mozart, ouvrait un chemin à son Concerto pour piano en la Majeur n°23, K488 avec un magnifique Yury Martynov, soliste. La création mondiale de la Lettre Soufi, Fà du compositeur belge Jean-Luc Fafchamps venait renforcer la perspective orientaliste de la soirée. Le concert retournant enfin vers Mozart, pour une Symphonie n°40 en sol mineur, KV 550 enlevée avec fougue tout comme l'ensemble des pièces de ce concert.
Un enthousiasme impressionnant, des premiers aux derniers rangs de l'orchestre, donne un fabuleux éclat à l'Ouverture de L'Enlèvement au Sérail. Au point peut-être que quelques oreilles sensibles regretteront presque la fosse d'orchestre qui lisserait davantage le fort contraste entre l'attaque piano des cordes et le forrte des vents et percussions plutôt interprété fortissimo ici. Il est vrai aussi que la salle de la Filature n'a pas l'acoustique d'un lieu exclusivement dédié au concert.
Le Concerto pour piano en la Majeur n°23 de Mozart fait appel pour la partie soliste au concertiste et professeur du Conservatoire de Moscou, Yury Martynov. L'introduction confiée à l'orchestre témoigne d'un ensemble cohérent, aux timbres séduisants. L'entrée du piano révèle d'emblée un jeu qui annonce déjà chez le soliste la profonde inspiration qui s'épanouira au deuxième mouvement. Un jeu ferme mais qui, loin d'être rigide, s'applique à prendre le temps de conclure les phrases qu'il cherche à intérioriser avant d'enchaîner la suite, comme l'y invite l'écriture de Mozart. Il ne s'agit pas d'obtenir quelque effet purement pathétique mais une forme d'invitation à méditer sur l'acte créateur du compositeur. Méditation soutenue, animée par de subtiles nuances toujours propres à émouvoir. Ceci de manière naturellement éminente dans la cadence de ce premier mouvement. Il y a peut-être bien du Brendel chez Yury Martynov.
Le thème introductif du deuxième mouvement confié au piano et le dialogue qui suit avec l'orchestre font chanter cette merveilleuse page de Mozart avec un calme et une puissance expressive que la finesse et l'inspiration du jeu de Yury Martynov porte au sommet pressenti dès le premier mouvement. L'orchestre prend volontiers à son compte ces qualités, fondant parfaitement ses enchaînements avec le piano. La couleur des vents correspond exactement à celle qu'on attend et apprécie dans l'œuvre du compositeur viennois. Avant la cadence finale, les cordes soulignent par contraste, en une série de pizzicatos au relief singulier, le legato caractéristique du mouvement. Le troisième mouvement brille par un enthousiasme expressif également partagé par le soliste et par l'orchestre. Celui-ci avait semblé auparavant un peu plus soucieux de rigueur – sur laquelle il n'y a rien à redire – que d'expression, laissant au piano le premier rôle sur ce plan, option certes défendable.