Créé par le pianiste David Fray en 2021, le festival L’Offrande musicale a fait du violoniste Renaud Capuçon son premier artiste en résidence jusqu’en 2023. Pour cette édition 2022, il s’associait à l’Orchestre National du Capitole de Toulouse et à l’altiste Paul Zientara pour proposer un concert dans la salle Padre Pio de la Cité Saint-Pierre de Lourdes, salle à l’acoustique chatoyante, idéale pour la musique concertante en petit effectif.

Renaud Capuçon au festival L'Offrande musicale
© doudphotos

Figure centrale du festival qui porte le nom d’une de ses œuvres, Johann Sebastian Bach est mis à l’honneur d’emblée avec son célèbre Concerto en la mineur BWV 1041 que Capuçon dirige lui-même du violon. Dès l’Allegro moderato initial, le soliste s’applique à livrer une couleur très ronde sur les accents mais avec un vibrato romantique. L’Andante approfondit ensuite l’exploration de la richesse acoustique de la salle avec des traits virtuoses très étincelants, des basses orchestrales solides et un dynamisme dans les gestes du violoniste et chef qui pousse le public à retenir son souffle à chaque fin de phrase. La frénésie de l’Allegro assai approche en revanche la saturation, en particulier des basses, la direction adoptant un style presque rock au fur et à mesure des marches harmoniques et des cadences, ce pour mieux contraster avec les parties solistes plus soignées.

Le Concerto en mi majeur BWV 1042 suit dans le même esprit, avec un premier mouvement Allegro qui redouble d’intensité dans les changements de nuance, alors que l’archet de Capuçon sautille avec une clarté impressionnante, même lorsque joué à l’extrême pointe. Tous les ornements pourtant nombreux sont articulés avec attention. En conclusion d’un mouvement lent poussé dans des pianissimos extrêmes, le dernier tutti orchestral est très suspensif, amenant un silence de plusieurs secondes. L’Allegro final est très dansant et plus brut avec ses gammes véloces, même si le phrasé des cordes reste extrêmement fluide.

Renaud Capuçon et Paul Zientara au festival L'Offrande musicale
© doudphotos

L’effectif est renforcé par des vents pour la dernière œuvre au programme, la Symphonie concertante K. 364 pour violon, alto et orchestre de Mozart, tandis que le jeune altiste Paul Zientara vient s’installer au centre de la scène à côté de Capuçon. Après l’introduction distinguée de l’Allegro maestoso, l’interprétation prend une direction beaucoup plus enjouée et humoristique, sautillés et pizzicati renforçant petit à petit une puissance montant progressivement de l’orchestre. L’acoustique est toutefois moins favorable à l’alto et aux parties graves d’une manière plus générale, tandis que la partition elle-même ne favorise pas l’altiste, souvent cantonné à un rôle d’imitateur du violon. Si le jeu de Zientara se fait plus rugueux que celui de son partenaire, l’humour du texte est bien rendu et les unissons sont parfaits entre les deux solistes, bien secondés par un accompagnement de qualité. Plus lyrique et vibré, l’Andante comporte une longue cadence sans orchestre qui amène un travail subtil des nuances sur les deux instruments. Dans le Presto final, le jeu très humoristique reprend avec des réponses complices entre les deux solistes et l’orchestre mais aussi au sein de celui-ci, notamment entre cors et flûtes. Répondant à l’enthousiasme du public, ce dernier mouvement sera donné en bis, venant conclure une bien belle performance de l’ONCT et de ses deux solistes.

****1