C’est avec une immense tristesse que je viens d’apprendre le décès de Jean Landras, un de nos plus anciens et fidèles rédacteurs. Il manquera terriblement à Bachtrack, aux institutions et aux artistes qui le connaissaient, aux mélomanes qui le lisaient. Comme il résidait à Mulhouse et moi à Paris, nous nous voyions peu mais nous nous appelions régulièrement, et nous avons entretenu une sacrée correspondance. Il n’oubliait pas d’y joindre un mot gentil pour les autres membres de l’équipe à Bachtrack, il est toujours resté attentif à ses collègues critiques et à ceux qui travaillent dans l’ombre, dans les coulisses du site.

Jean Landras © DR
Jean Landras
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Dans son dernier message envoyé il y a quelques jours, il évoquait l’espoir de reprendre son activité bachtrackienne à la rentrée, après dix-huit mois plombés par divers ennuis de santé. Sa soif de musique semblait plus vive que jamais, sa douceur et son humilité n’avaient pas changé. Ses textes étaient à son image, à l’image de sa voix délicate et de son ton posé : toujours d’une très belle écriture, très soignée, loin des effets de style inutiles. Jean avait ce souci premier de servir la musique et les artistes, il n’aimait pas les égratigner et préférait toujours se remettre en cause avant d’apporter le moindre jugement un tant soit peu négatif.

Son amour de l’art et sa modestie l’ont amené naturellement à produire une quantité d’interviews pour nous. Il souhaitait alors plus que tout mettre en avant des personnalités singulières, de préférence méconnues ou mésestimées par le grand public. Je l’ai accompagné avec joie dans sa démarche qui ne laissait rien au hasard : Jean préparait ses entretiens avec méticulosité, de sorte que ses articles étaient ensuite des petits chefs-d’œuvre de portraits, très fidèles, précis, attachants. Ses articles consacrés à Charlotte Juillard, Marc Geujon, Alexandra Soumm – pour ne citer que ses dernières productions – ont d’ailleurs remporté de vrais succès d’audience. Jean se montrait heureux quand je l’en informais mais il passait vite à un autre sujet, de nouvelles idées d'interviews, tant il ne souhaitait pas attirer sur lui la lumière. Il serait certainement gêné de lire ces lignes. Il laisse un vide dans notre équipe.