Avec Barbarians, nouvelle création du chorégraphe anglo-israélien Hofesh Shechter, le festival d'Avignon nous offre un peu de danse au sein d'une programmation autrement « In ». Ancien danseur de la Batsheva Dance Company, Hofesh Shechter porte en lui un langage corporel bestial et déchaîné, fortement inspiré de celui d’Ohad Naharin, auprès duquel il s’est formé. Choc entre animalité et éducation, Barbarians doit être lue comme la confrontation brutale d’individus primitifs soumis à un dressage coercitif du corps.
"The barbarians in love", premier tableau du triptyque, fait cohabiter des énergies contraires, en mariant une bande-son électro, composée par Hofesh Shechter lui-même, et la musique baroque de François Couperin. Sous une danse de projecteurs blancs, des hommes et des femmes tentent de dompter le mouvement grossier de leur corps en y intégrant des éléments de danse baroque. Dirigés par une voix off, ils réagissent à la violence de cet apprentissage par la débâcle, avant d’apparaître nus sur scène. Un peu hors propos, ce nu injustifié n’ébranle pas vraiment la sensibilité du public, sans pour autant apporter grand-chose au propos de la pièce.
La seconde partie "tHE bAD" est plus intéressante car plus immédiate. Un groupe de cinq danseurs se lance dans une danse diabolique et de longue haleine, jusqu’à l’épuisement total des corps. Dans un mouvement très séquencé, les ruptures se multiplient entre dynamique et abandon, illustrant plus justement la soumission à la norme sociale.
Barbarians se clôture par un duo plus intimiste dansé par Anna Shepherd et Bruno Gillore "two completely different angles of the same fucking thing", qui mêle cette fois une musique jazz aux rythmes électro, et montre à nouveau ce contraste entre l’instinct primaire et la convention.