Le Ballet de l'Opéra de Rome, en tournée à Paris, redonne vie à la La Chauve-souris de Roland Petit. Danser Roland Petit au Théâtre des Champs Elysées revêt bien sûr un sens particulier, puisque le chorégraphe y a fondé sa première compagnie, le Ballet des Champs Elysées, en 1945. Mais pour Eleonora Abbagnato qui a pris la tête du Ballet de l’Opéra de Rome en 2015, ce choix chorégraphique est également un manifeste incarnant son attachement à Paris, où la danseuse a établi sa carrière, et à Roland Petit, qui remarqua son talent dès l’âge de 11 ans.
En 1979, trente ans après l’adaptation de l’opéra Carmen en ballet, Roland Petit adaptait l’opérette de Johann Strauss fils Die Fledermaus à Marseille. Chronique des frasques d’un mari volage piégé par la redoutable facétie de son épouse, La Chauve-souris est un vaudeville burlesque et enjoué. Si l’opérette de Johann Strauss fils s’inscrivait dans le décor bourgeois d’un ménage viennois du XIXème siècle, Roland Petit choisit de replacer l’action dans l’univers parisien de la Belle Epoque, comme en témoignent les costumes, le cancan, mais aussi le grand décor du restaurant Maxim’s où s’anime un cortège enfiévré de garçons de café, affublés de pittoresques moustaches en brosse, de cérémonieux costumes noirs et de tabliers blancs. L’intrigue est également ramenée à l’essentiel : Bella constate que son époux Johann déserte le lit conjugal et s’envole la nuit, sous l’apparence d’une chauve-souris, s’encanailler dans des cabarets. A la fois offensée et affligée, elle conçoit à l’aide de son ami Ulrich de reconquérir Johann en s’invitant déguisée dans les salons qu’il fréquente. Charmé par cette nouvelle inconnue, Johann tente alors de séduire sa femme. Dans une scène finale des plus explicites, Bella châtre son mari en coupant ses ailes.