En décembre, le Ballet de l’Opéra de Paris reprend l’un des chefs-d’œuvre les plus courus du répertoire néoclassique : La Dame aux Camélias de John Neumeier. Sur une partition entièrement composée de pièces pour piano de Frédéric Chopin, La Dame aux Camélias est une fresque romantique merveilleusement foisonnante, montrant une image idéalisée du Paris du milieu du 19ème siècle dans un tourbillon de robes, le tournoiement envoûtant des valses, la profusion des personnages et des décors et le tumulte des amours courtisanes. La Dame aux Camélias est une rêverie nostalgique d’une époque passée, dont la force repose davantage sur la dramaturgie que sur la chorégraphie, à l'exception de quelques portés audacieux. Le ballet laisse ainsi une part immense à l’interprétation artistique.
Créé en 1978 par le chorégraphe américain John Neumeier d’après le roman éponyme d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux Camélias raconte la liaison turbulente entre un jeune bourgeois, Armand Duval, et une lorette – riche courtisane du IXème arrondissement de Paris – Marguerite Gautier. Le rideau s’ouvre sur la vente aux enchères des effets de Marguerite Gautier, emportée par la phtisie. Armand Duval y apparait et découvre un journal laissé par Marguerite, où elle relate son amour pour Armand, rencontré quelques années plus tôt et quitté sous la menace d’un père qui réprouvait leurs amours infamantes. Particularité du ballet de Neumeier, composé quatre ans après le Manon de Kenneth McMillan, La Dame aux Camélias confronte l’histoire tragique de Manon Lescaut et du Chevalier Des Grieux avec celle de Marguerite Gautier et Armand Duval, à travers des mises en abyme successives où le spectre de Manon apparait dans une pièce de théâtre, où dans les songes qui hantent les personnages. Outre un clin d’œil censé rappeler la parenté littéraire des œuvres de l’Abbé Prévost et d’Alexandre Dumas fils, ce parallèle célèbre deux grandes époques françaises : le classicisme du XVIIIème siècle et le romantisme du XIXème.