Après avoir adapté Roméo et Juliette au Théâtre de Chaillot en 2011, Joëlle Bouvier renoue sa collaboration avec le Ballet du Grand Théâtre de Genève en créant Tristan et Isolde « Salue pour moi le monde ! » présenté cette année au Théâtre de Chaillot.
Pour cette seconde création pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève, Joëlle Bouvier a été invitée par Philippe Cohen, actuel directeur de la compagnie, à travailler sur la musique d’opéra. La chorégraphe présente donc une nouvelle tragédie classique avec le Tristan et Isolde de Richard Wagner, dans la droite lignée de son précédent Roméo et Juliette. Inspirée de la légende médiévale celtique de Tristan et Iseult, la partition de Wagner développe des thèmes d’une rare exaltation pour raconter le drame mortel des deux amants, piégés par un philtre d’amour. Bien que la richesse harmonique wagnérienne, très cérébrale, n’inspire pas spontanément le mouvement, Joëlle Bouvier parvient à extraire de l’opéra les mouvements les plus emblématiques et à les condenser en une composition musicale écourtée et adaptée à la trame chorégraphique. Tristan et Isolde « Salue pour moi le monde ! » est une création mélancolique et alanguie, dont la gestuelle déliée s’étire dans des portés suaves, des pas-de-deux où les danseurs s’abandonnent et se résignent. La chorégraphie traduit ainsi la fatalité du sort des amants, pris à leurs dépens dans une histoire inéluctable, qu’ils contemplent avec absence tels des protagonistes muets. Paradoxalement, le seul personnage qui semble prendre part à l’action et à s’inscrire dans le présent est celui du Témoin, interprété par une jeune femme omnisciente en retrait des autres personnages. « Languir et mourir, mais non mourir de languir. », explique Joëlle Bouvier.