Le Théâtre du Capitole accueille pour son avant-dernier opéra de la saison une magnifique coproduction (Opéra National de Bordeaux, Opéra National de Lorraine, 2012) de Macbeth de Verdi, qui revient sur les planches toulousaines plus de 20 ans après sa dernière représentation. La mise en scène de Jean-Louis Martinoty est exécutée efficacement par Frédérique Lombart, reprenant une production qui avait enthousiasmé les publics français.
Chaque acte s’ouvre sur une impression visuelle ornée d’un ou plusieurs vers de Shakespeare en VO rappelant l’universalité du drame. Michele Gamba à la direction musicale s’assure avec fermeté et habileté de la bonne articulation entre l'orchestre et le plateau. Sans jamais sombrer dans les excès, il livre une atmosphère musicale dramatique avec quelques touches comiques. La performance de la soirée va très certainement au choeur du Capitole, particulièrement remarquable dans ses interventions et ses apparitions sur scène.
Tous les éléments sont réunis dès l'ouverture pour illustrer le monde inquiétant et double des sibylles. Les décors (Bernard Arnould), accessoires et costumes (Daniel Ogier) proposé par l’atelier de l’Opéra National de Bordeaux présentent à merveille la duplicité des sorcières et les visions fantasmagoriques de leur sabbat avec des costumes en trompe l’œil et de très esthétiques miroirs avec, au centre, un arbre à l’envers aux allures anthropomorphes. Alors qu’on l’entendait déjà s’échauffer en coulisses durant l’énoncé instrumental introductif de la pièce, la Lady Macbeth de Béatrice Uria-Monzon livre une puissance de feu à la hauteur de la folie et de l’ambition qui la consument. Si le livret de Francesco Maria Piave passe rapidement sur les doutes et hésitations du Macbeth Shakespearien, Vitaliy Bilyy rend parfaitement cet état d’esprit sur le plan vocal, et alors que le poignard annonçant son crime futur se balade sur les façades de la scène.