Pour sa 10ème année à la tête de l’Opéra de Dijon, Laurent Joyeux nous invite une nouvelle fois à découvrir des territoires géographiques et artistiques singuliers. Après l’Europe centrale, l’Orient, l’Amérique du Nord, nous sommes invités à suivre les pas d’un « Ulysse qui ne serait pas rentré à Ithaque » et aurait franchi les Colonnes d’Hercule. Ainsi, les couleurs de la saison prochaine seront celles du monde ibérique – Espagne et Portugal – et de l’Amérique latine.
Face au poids des contraintes budgétaires, l’Opéra de Dijon fait mieux que se défendre et même, ne manque pas d’audace : seront ainsi proposés 95 levers de rideau, 8 opéras – dont 4 nouvelles productions –, 36 concerts symphoniques et 5 spectacles de danse. Chacun pourra y satisfaire ses goûts, et les initiatives ne manquent pas pour continuer d’attirer à l’Opéra de nouveaux publics, parmi lesquels les enfants et les familles. La saison s’ouvrira en octobre sur le Pinocchio de Philippe Boesmans mis en scène par Joël Pommerat, qui sera créé cet été au Festival d’Aix, avec Stéphane Degout, Vincent Le Texier, Chloé Briot, Yann Beuron, Julie Boulianne, Marie-Ève Munger. Une nouvelle production dijonnaise proposera en décembre des Contes d’Hoffmann sous la direction musicale de Nicolas Chesneau, que la mise en scène de Mikaël Serre revisitera et « actualisera » en faisant appel à la vidéo et aux créations sonores ; le plateau sera composé d’une brochette de jeunes étoiles montantes : Kévin Amiel en Hoffmann, Samantha Louis-Jean dans les quatre héroïnes, Damien Pass dans les quatre incarnations du Diable et Marie Kalinine en Muse/Nicklausse ; les seconds rôles seront confiés aux solistes du Chœur de l’Opéra de Dijon. Mars verra le grand retour à Dijon de l’opéra verdien avec une nouvelle production maison de Simon Boccanegra mise en scène par Philipp Himmelmann. L’orchestre Dijon Bourgogne sera dirigé par Roberto Rizzi Brignoli, grand spécialiste de Verdi, tandis que le plateau rassemblera entre autres, Vittorio Vitelli, Keri Alkema, Luciano Batinic, Gianluca Terranova, Armando Noguera.
Le baroque ne sera pas en reste. En novembre, Il combattimento di Tancredi e Clorinda viendra clore le cycle Monteverdi initié il y a 6 ans. Pour cette version de concert, on retrouvera Jos van Immerseel et son ensemble Anima Eterna Brugge, bien connus du public dijonnais, ainsi que les voix de Christoph et Julian Prégardien et du mezzo Marianne Beate Kielland. La collaboration avec Emmanuelle Haïm et le Concert d’Astrée se poursuit avec Pygmalion de Rameau donné en mai avec L’Amour et Psyché de Mondonville : cette coproduction avec l’Opéra de Lille, les Théâtres de la Ville de Luxembourg et l’Opéra de Caen, réunira une distribution de talent avec Reinoud van Mechelen, Samantha Louis-Jean, Hasnaa Bennani (qui vient d’interpréter Ismène dans Alcione de Marin Marais à l’Opéra Comique) et Magali Léger. Enfin c’est une rareté qui clôturera en juin la saison lyrique : en effet, El Prometeo, un opéra en espagnol du compositeur italien Antonio Draghi, n’a pas été représenté depuis le 22 décembre 1669 ! Redécouvert par Leonardo García Alarcón, il reprendra vie sous la baguette de ce dernier – qui inaugurera ainsi sa résidence à l’Opéra de Dijon – avec son ensemble Cappella Mediterranea, l’excellent Chœur de Chambre de Namur et des solistes de qualité – Fabio Trümpy, Scott Conner, Mariana Florès, Zachary Wilder – dont certains ont chanté dans le Nabucco de Falvetti que les Dijonnais ont pu découvrir ce printemps. C’est également le chef argentin qui dirigera le Concert du Nouvel An autour d’un programme d’œuvres de Francisco Correa de Araujo, Diego de Salazar, Juan de Araujo, Guerrero et Cusco.
À partir de cantates de Clérambault, Campra et Morin, l’ensemble Amarillis, la romancière Léonor De Récondo et la metteuse en scène Tami Troman ont inventé une histoire et créé MéChatmorphoses, un spectacle que toute la famille pourra découvrir en novembre. Toujours en novembre, on aura grand plaisir à écouter Stéphane Degout dans un programme Fauré-Brahms-Schumann particulièrement alléchant intitulé Poèmes. Autre résurrection, en décembre : Sébastien Daucé, son ensemble Correspondances, et la chorégraphe et metteuse en scène Francesca Lattuada feront revivre Le Ballet royal de la nuit, spectacle total mêlant poésie, arts visuels, musique, chant et danse, au cours duquel, le 23 février 1653, le jeune Louis XIV dansa devant la noblesse de France, habillé d’or et coiffé des rayons du soleil. La soirée Richard Strauss que Jos van Immerseel et Anima Eterna Brugge offriront en mars sur instruments d’époque suscite déjà beaucoup de curiosité, avec notamment les quatre derniers lieder interprétés par le soprano Yeree Suh.