Le programme E proposé par l'Alvin Ailey American Dance Theater à la Seine Musicale permet de (re)découvrir les principales œuvres du chorégraphe fondateur de la compagnie. Une performance exécutée de mains de maitre par les danseurs, techniquement brillants, mais qui auraient peut-être gagné à être plus chaleureux et expressifs.
La soirée commence avec Night Creatures (1974) d’Alvin Ailey, sur une musique de Duke Ellington, un cocktail étonnant de danse classique, afro américaine et de salon. Dans des costumes bleutés moulants, 15 êtres hybrides s’enlacent, se quittent et se cherchent, à l’image de la vie nocturne et de l’approche de Duke Ellington des créatures de la nuit, des êtres continuant à briller une fois le jour venu. Mi hommes mi bêtes, ils semblent guetter leurs proies avant de bondir ou de s’éloigner. Une interprétation techniquement de haut vol malgré quelques ajustements à la marge mais qui n’entraine pas pour autant le spectateur.
Cry (1971) d’Alvin Ailey est un cadeau à sa mère et un hommage à toutes les femmes et « plus particulièrement les femmes afro américaines ». Une danseuse évolue, seule, pieds nus, vêtue d'une longue robe à volants. Dans le premier tableau du ballet, sur une musique grésillante et désagréable – symbolisant sûrement l’esclavage – la danseuse se tord de douleur, joue avec un long ruban, puis expérimente la perte d’un être cher dans le deuxième tableau avant de s’apaiser dans le dernier et de se transformer en être joyeux. Cry est magnifiquement interprété, tant scéniquement que techniquement.
Blues Suite (1958) est le plus ancien ballet d’Alvin Ailey présenté ce soir-là. Les danseurs et danseuses évoluent dans un lieu à mi-chemin entre le café et le bordel, flirtant, se cherchant, se disputant pour mieux se réconcilier. Un ballet cocasse, interprété de façon irréprochable tant dans les scènes de groupes que les pas de deux modernes.