C’est une de ces soirées qui laisse perplexe. Un programme d'oeuvres intimement liées, des solistes de haute volée quoique pas toujours bien assortis, une célébration de la danse néo-classique bien exécutée techniquement mais dont on aurait aimé une interprétation plus vibrante.
En commençant sa première saison comme directeur de la danse avec une de ses créations, Benjamin Millepied faisait un pari, et prenait le risque que sa chorégraphie souffre de la comparaison avec ses illustres prédécesseurs. A moins que certains n’y voient un bel hommage… C'est une belle soirée, mais le public d’amateurs éclairés s'interroge sur les emprunts de ce chorégraphe à George Balanchine et Jerome Robbins, tout en cherchant son propre style.
Clear, Loud, Bright, Forward ravit les yeux par son côté graphique, la beauté de ses costumes aux reflets argentés et le jeu de ses interprètes, notamment Léonore Baulac et Letizia Galloni. Dans un espace minimaliste qui semble inspiré des ballets de William Forsythe, des groupes de danseurs se déplacent, interrompus de temps à autres par de très beaux pas de deux aériens et graciles. Cet univers néoclassique rappelle également très vite Balanchine, qu’il s’agisse de Thème et Variations, Agon ou Symphony In 3 movements. Le danseur qui émerge du groupe donne également une impression de déjà-vu : est-ce un emprunt à Béjart, Balanchine, aux Ballets Russes ? Tout comme le battement d’ailes semblant sorti du Lac des cygnes. Le ballet est charmant mais reste émotionnellement plat. Un beau divertissement au sens pascalien du terme.