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L'éclatant succès du Chineke! Orchestra à la Philharmonie

Por , 26 septiembre 2025

Ce vendredi soir, il y a pléthore d'offres de concert alléchantes dans la capitale. La curiosité a guidé notre choix : ce sera le Chineke! Orchestra à la Philharmonie pour un hymne avoué à la diversité, le type même de concept qui peut autant servir que desservir la cause qu'il est censé défendre. Il ne faudra pas plus de quelques minutes pour que toute réserve soit balayée et que le critique comme le public très composite soient emportés par la houle du succès.

Chineke! Orchestra
© Chuko Cribb

Explication : cet orchestre, basé à Londres, fête ses dix ans d'existence et entame à Paris une tournée anniversaire en Europe. Il est né du constat d'une musicienne, la contrebassiste Chi-chi Nwanoku, de l'absence de visibilité, ou d'une sous-représentation (ce qui revient au même) des musiciens et des compositeurs d'origine non européenne. Un premier concert en septembre 2015 au Southbank Centre fut suivi d'un second, et l'orchestre était né. Lorsque le Chineke! entre sur la vaste scène de la Philharmonie, c'est bien sûr la variété des visages qui frappe, mais c'est plus encore la joie contagieuse qui les illumine, jeunes ou moins jeunes. Ce petit quelque chose qui nous dit leur bonheur d'être là ce soir. En témoignera d'ailleurs une intervention au micro du co-directeur artistique de la formation, un sosie de Pharrell Williams, lunettes blanches et pourpoint rose, qui mettra toute la salle dans sa poche par son humour et sa courtoisie so british.

La première pièce, une ballade pour orchestre fort bien troussée du très britannique Samuel Coleridge-Taylor (né d'un père sierra-léonais), navigue entre Grieg pour la grâce mélodique et Elgar pour la majesté. Le jeune chef américain Roderick Cox impose une autorité tranquille et diablement efficace à ses musiciens et nous révèle une phalange un peu acidulée, un peu rough comme on dit outre-Manche, mais d'une fraîcheur, d'une ardeur qui iront croissant tout au long de la soirée.

On attend avec impatience le Triple Concerto de Beethoven, et les solistes stars que sont Sheku (au violoncelle) et Isata Kanneh-Mason (au piano) avec la violoniste américaine Tai Murray. On avait laissé Sheku (comme il est convenu de l'appeler) sous une tignasse encore abondante dans Chostakovitch il y a deux ans, on le retrouve ce soir la boule à zéro, mais toujours avec ces expressions enfantines sur le visage et son style si touchant. C'est au violoncelle que Beethoven confie les plus belles phrases de son concerto : non seulement Sheku est d'une justesse sans faille, alors qu'il joue la plupart du temps dans le registre le plus aigu de son instrument, mais il est d'une grâce, d'une douceur (notamment dans le sublime « Largo ») qui feraient fondre les plus endurcis.

Découverte aussi ce soir, sa partenaire originaire de Chicago, la violoniste Tai Murray. Manifestement férue de musique de chambre, elle a une présence, un son qui en imposent sans indisposer et, comme le violoncelliste, une virtuosité et une justesse irréprochables. Quand le violon et le violoncelle dialoguent et se répondent, ce qui arrive souvent, on a vraiment le sentiment qu'ils respirent et chantent d'un même mouvement. En regard de ce duo, le piano d'Isata paraît en retrait, mais c'est aussi l'écriture de Beethoven qui le veut et, dans les traits virtuoses du finale, le piano sonne en complète osmose avec le violon et le violoncelle. Roderick Cox et son orchestre sont exemplaires : tempos et articulations alertes, souplesse de la masse orchestrale, tout y est.

Après l'entracte, on passera vite sur une création anecdotique d'Errollyn Wallen (qui se trouve être la Maître de Musique de l'actuel roi Charles III) et, deuxième choc de la soirée, on va réellement découvrir la Negro Folk Symphony de William Levi Dawson. On comprend pourquoi le grand Stokowski eut à coeur de la créer en 1934 à Philadelphie, et on ne comprend absolument pas pourquoi l'œuvre est tombée dans l'oubli depuis. C'est un festival de couleurs et de rythmes remarquablement agencés – on pense souvent à la Symphonie « du Nouveau Monde » de Dvořák, créée quarante ans plus tôt à New York : dans le premier mouvement « The Bond of Africa », le plus profus et complexe, Roderick Cox et le Chineke! Orchestra ont l'air de jubiler à se tirer d'incessants changements de rythmes et d'atmosphères. Dans le second, « Hope of the Night », les tonalités sont plus sombres, comme venues de lointaines légendes, l'Allegro con brio semble plus bavard, moins concis dans ses thèmes, mais l'orchestre flamboie, ivre de couleurs et de grandeur.

*****
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“l'orchestre flamboie, ivre de couleurs et de grandeur”
Crítica hecha desde Philharmonie de Paris: Grande salle Pierre Boulez, París el 26 septiembre 2025
Coleridge-Taylor, Ballade for orchestra in A minor, Op.33
Beethoven, Concierto para violín, violonchelo y piano en do mayor 'Triple concierto', Op.56
Wallen, Flourish
Dawson, Negro Folk Symphony
Chineke! Orchestra
Roderick Cox, Dirección
Tai Murray, Violín
Sheku Kanneh-Mason, Violonchelo
Isata Kanneh-Mason, Piano
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