Chaque année au mois d’août, le festival de La Chaise-Dieu est l’occasion d’entendre les plus belles pages de musique sacrée, connues ou moins connues, dans des lieux saints propices à une écoute fervente et recueillie. Lundi 25 août à 21h, l’ensemble Correspondances de Sébastien Daucé proposait à l’église des Carmes du Puy-en-Velay un programme consacré à l’œuvre de Marc-Antoine Charpentier, articulé autour de ses très belles Litanies de la Vierge. Une lecture extrêmement profonde d’un répertoire encore largement méconnu : le concert de Correspondances, d’une intensité rare, témoigne de la très grande qualité de ce jeune ensemble.
Marc-Antoine Charpentier, compositeur français du XVIIème siècle, a récemment acquis une certaine notoriété auprès du public grâce à une pièce en particulier, redécouverte et mise à l’honneur depuis quelques années : le Te Deum H 146. Pourtant, le reste de son répertoire religieux présente un intérêt au moins égal, étant caractérisé par la même délicatesse d’écriture, la même densité harmonique, la même subtilité structurelle. Depuis sa création en 2008, l’ensemble Correspondances, mené par Sébastien Daucé, explore avec minutie les œuvres sacrées de Charpentier et d’autres de ses contemporains (en particulier Boësset et Moulinié). C’est sa première apparition au festival de La Chaise-Dieu, mais l’ensemble est familier des églises, lieux privilégiés pour faire s’élever une musique destinée à la prière.
Le concert donné à la charmante église des Carmes débute par l’Ouverture pour le sacre d’un évêque H 536. Dès les premières mesures, on comprend le sens du mot « ensemble » : les musiciens sont animés par un souffle commun, un élan général, une respiration partagée. La pulsation imprimée par Sébastien Daucé est parfaitement intégrée par les instrumentistes ; le calme de la majesté succède sans heurt à un mouvement plus animé, la pièce progressant ainsi avec une fluidité naturelle. Les voix des chanteurs rejoignent celles des instruments dans la Leçon des Ténèbres H 91 : l’acoustique de l’église permet au son de se développer tout en rondeurs, et mélange les timbres vocaux entre eux ainsi qu’avec les lignes instrumentales, créant une harmonie sublime.