2014 marque l’année du 250ème anniversaire de la mort de Jean-Philippe Rameau originaire de Dijon. Sa ville conclut l’année par deux œuvres peu connues pleines de charme et de sensualité, la pastorale Daphnis et Eglé et le ballet La Naissance d’Osiris. Les deux œuvres étaient destinées à être dansées à la Cour de Fontainebleau dans le cadre intimiste des parties de chasse. Elles ont été composées par le musicien alors âgé de 70 ans qui livre en filigrane dans Daphnis et Eglé une réflexion universelle sur les sentiments humains.
L’intrigue de chacun de ces opéras-ballets est simple : Daphnis et Eglé, serviteurs du temple de l’Amitié pensent s’aimer d’amitié. Ils se rendent au temple pour échanger leurs serments. Ce n’est que l’intervention du Dieu Amour qui leur ouvre les yeux sur la nature de leurs sentiments. Dans La Naissance d’Osiris, composé en l’honneur de la naissance du Duc de Berry, futur Louis XVI, l’intrigue est quasi inexistante. Jupiter vient annoncer aux hommes la naissance d’Osiris. Le ballet, courte pièce lyrique en un acte, dramatiquement léger, unit le chant et la danse - les deux arts privilégiés de Rameau. Un joli cadeau d'anniversaire.
Ce qui n’aurait pu être que deux divertissements prend une toute autre ampleur avec la mise en scène de Sophie Daneman. Daphnis et Eglé fait l’objet d‘une mise en abyme : une troupe de comédiens installe ses tréteaux et ses décors sur la scène et nous assistons aux répétitions de leur spectacle. Celui-ci prend forme avec La Naissance d’Osiris où ces êtres mortels reçoivent la visite des dieux. Dans la première œuvre, les ailes du dieu Amour sont par exemple de fausses ailes de papier avec lesquelles jouent quelques bergères avant d’être qu'elles ne soient utilisées par Amour. Dans la seconde pièce, Jupiter en personne, tout de noir vêtu et dépoitraillé – plus ange déchu que dieu antique – intervient pour annoncer la bonne nouvelle aux hommes.