Wroclaw - un vendredi soir - dans la nouvelle salle du Forum National de la Musique. Le début de cette soirée est placé sous de très bons augures. Le NFM, inauguré le 4 septembre 2015, offre un superbe auditorium de 1800 places, en forme de « shoebox ». Le concert célèbre les 150 ans de la naissance de Jean Sibelius et il est affiché complet.
L’ouverture du Corsaire de Berlioz donne directement le ton de la soirée. C’est un concert énergique, vivace qui va nous être donné ici en compagnie du NFM Symphony Orchestra le tout orchestré par le japonais Eiji Oue. Dès son entrée sur scène, le chef marque sa singularité en serrant la main de tous les chefs de pupitres et leurs co-pupitres. Dès les premières notes, il affirme son style en conduisant avec énergie et véhémence.
Au même titre que Mickey qui dans le Fantasia de Disney dirige ses balais magiques de manière effrénée, le chef semble ici transmettre une énergie très spéciale à ses musiciens. Dansant sur son estrade, il dirige à la perfection le dialogue entre les bois et les cordes. C’est son corps entier qui semble voué à la direction du Corsaire de Berlioz. Accroupi pendant les pianissimos, allant même jusqu’à mettre son poing dans sa bouche pour inciter ses musiciens à émettre le son le plus subtil possible, il n’hésite pas en revanche à tendre les bras, englobant son orchestre et à sauter sur l’estrade avant la fin du morceau.
Le public est littéralement conquis par l’énergie dégagée par le chef. Pendant la transition Berlioz/Sibelius, on peut entendre des chuchotements, des rires, voire même des imitations de la gestuelle du chef japonais.
Le Concerto pour violon de Sibelius plonge l’orchestre et le public dans une toute autre ambiance, mais toujours théâtrale cependant.
La tension est à son comble quand la finlandaise Elina Vähälä joue les premières notes du concerto. C’est une version très passionnée que donne ici la violoniste, de quoi nous donner des frissons d’approbation. Le chef agit alors comme un gentleman, mettant à l’honneur la violoniste pendant toute le concerto et impliquant l’orchestre comme il se doit. Les dialogues entre la concertiste et le bassoniste, clarinettiste et les autres pupitres s’instaurent naturellement.