Après une ouverture de saison triomphale à Radio France la semaine dernière, l’Orchestre Philharmonique de Radio France et son nouveau directeur musical, Mikko Franck, étaient cette fois invités à la Philharmonie pour un intelligent programme associant le Concerto pour violon d’Erich Wolfgang Korngold et Le Chant de la terre de Gustav Mahler. Superbe soirée aussi !
Depuis que Gil Shaham l’a fait redécouvrir dans les années 1990, le concerto d’Eric Wolfgang Korngold a régulièrement les honneurs du concert. Et c’est tant mieux car l’œuvre est attachante, surtout lorsqu’elle est jouée comme ici de manière magistrale. La jeune violoniste norvégienne Vilde Frang, Mikko Franck et ses musiciens, nous ont en effet offert une interprétation de très haute volée. Vilde Frang est tout simplement parfaite, d’abord de justesse avec une intonation réglée au millimètre et pas une seule seconde en défaut, mais aussi d’esprit, à la fois joyeux et concentré, et de conduite des phrasés : en un mot, un régal de musicalité. Il est vrai que Mikko Franck, très attentif à sa soliste, lui offre un accompagnement de rêve à la fois délicat, raffiné et quand nécessaire survolté. La qualité d’ensemble de l’orchestre est absolument saisissante permettant de profiter de chaque détail et d’une orchestration fine et luxuriante. Les contrastes du premier mouvement, les entremêlements chamarrés des bois qui rappellent son opéra « La ville morte » du second, et le presto final, et sa toute fin si surprenante jusqu’à un accord final coupé à la serpe, prennent à chaque instant la justesse et l’éclat nécessaires. Une totale réussite !
En deuxième partie, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, décidément très en forme, s’emparait dès les premières secondes de cette œuvre âpre qu’est Le Chant de la terre de Gustav Mahler. Dès l’entrée des cors, prise à bras le corps, le climat épique de l’œuvre était planté. A la fin de l’exécution, une heure plus tard, la même concentration, le souci du détail et cette magnifique intensité seront toujours au rendez-vous d’une interprétation orchestrale en tous points magistrale. Lisibilité, nuances, beauté des timbres, phrasés lumineux, jeu par moments chambriste, tout participait du bonheur d’une écoute le plus souvent passionnante. L’enchaînement des six sections de l’œuvre, aux climats si contrastés, a une nouvelle fois montré l’excellente forme du Philharmonique de Radio France. On en tiendra notamment pour preuve l’émouvant duo hautbois-basson de la seconde partie et le fascinant dialogue gong, harpe, cor et hautbois (magnifique Hélène Devilleneuve ovationnée à juste titre à la fin du concert) qui débute la sixième partie et annonce la musique de la seconde moitié du XXème siècle.