C'est toujours un événement particulier que d'assister à un concert où le compositeur dirige ses propres œuvres. Sous le dôme titanesque de la Basilique Nationale du Sacré-Cœur de Koekelberg, James MacMillan entame, avec cette soirée, une tournée au côté du Vlaams Radiokoor, éminent chœur de chambre bruxellois. Le chef présente son Miserere ainsi que celui d'Allegri mais le noyau central du concert est véritablement sa fresque épique religieuse Seven Angels. Le concept du concert est lui aussi exceptionnel : tout autour du public se dressent trois grands écrans sur lesquels on voit défiler des ciels nuageux en noir et blanc ainsi que des enceintes diffusant une ambiance sonore apaisante. À l'origine de ce concept sonore et visuel, Stef van Alsenoy souhaitait créer un spectacle immersif empli de sérénité. Si ce genre d'expérience ne convainc pas toujours, celle-ci ne laisse aucune place au doute : la réussite ce soir est totale.
La soirée s'ouvre et se clôture sur le texte du Miserere, avec d'abord celui d'Allegri. Cette pièce est certainement aussi connue qu'elle est difficile à réaliser, en particulier pour le quatuor de solistes. Dans un continuel souci du détail, l'arrivée du chœur, tout de gris vêtu, se fait dans le noir total. Puis, comme si elles étaient motrices de la lumière, les premières notes du Miserere font apparaître un ciel nuageux, grisâtre et mouvementé sur les grands écrans. L'effet est saisissant : dans une plénitude sonore absolue, le Vlaams Radiokoor nous fait entendre le premier verset avec une grande simplicité, blotti dans cet écrin de nuages. La périlleuse partie de quatuor quant à elle ne pardonne pas : l'équilibre assez inégal des quatre voix, avec quelques soucis de justesse et de vibrato chez la première soprano, font malheureusement perdre un peu de magie à ces interventions. Fort heureusement les qualités interprétatives du grand chœur sont superlatives : une homogénéité parfaite, une ligne de chant infinie, des graves puissants et une constante attention aux mots construisent une lecture exceptionnelle de l'ouvrage. Celui-ci est particulièrement adapté à la basilique et révèle l'acoustique formidable du lieu. Le public, relativement peu nombreux et proche du chœur, peut profiter de la précision autant que de la résonance, avec des moments de silence très opportuns entre chaque verset.