L’Orchestre Symphonique National de la Rai et son chef, James Conlon, ont occupé la scène de l’Auditorium Parco della Musica pour une soirée entièrement dédiée au compositeur tchèque Antonín Dvořák, avec au programme le Concerto en si mineur, interprété sous l'archet virtuose de Mischa Maisky, et la magnifique Symphonie n°8 dont la variété des éléments a été parfaitement rendue par les musiciens de la Rai et James Conlon.
Avec une attaque franche et assurée, Mischa Miasky se détache de l’orchestre et prend immédiatement le devant de la scène. Offrant un beau rendu visuel, sa chemise en soie bleu électrique ondulant à chaque vibrato du bras gauche se détache de l’ensemble noir et blanc qui l’entoure.
L’attention du chef envers le soliste est palpable. Les allers-retours du regard et la précision métronomique de ses mouvements de baguette lors du premier mouvement démontrent une concentration et une volonté de rigueur. Son intention musicale change du tout au tout dans les premières mesures de l’adagio lorsque Conlon dirige sans baguette, tout ici est question d’émotion et de phrasé expressif.
A la rondeur des vibratos du violoncelle solo s’ajoute la chaleur omniprésente des timbres des bois et des cuivres qui l’accompagnent. Les solos de flûtes et de cors sont d’une légèreté remarquable témoignant d'une technique impeccable. Aux cordes, on en oublierait presque la présence des violons tellement l’harmonie est polarisée sur les pupitres de basses.
La nervosité et la tension véhiculées par l’œuvre se ressentent lors du passage au troisième mouvement. Le public ainsi que les musiciens ont à peine le temps de reprendre leur souffle avant que la baguette de James Conlon ne se relève et qu’elle ne donne le signal au pupitre de violoncelles pour ouvrir ce final par une pédale de fa dièse en pizzicato. Ce climat de tension constante galvanise le soliste dont les gestes trahissent l’impatience et l’envie de faire son entrée dans ce final magistral. Mischa Maisky offre alors de grands moments notamment dans l’exécution des gammes sur un tempo très rapide, des trilles et des vibratos faisant résonner son instrument bien au-dessus de l’orchestre. Le crescendo final énonçant le thème en doubles cordes est mené avec fougue et profondeur et s’impose comme la conclusion naturelle de l’ensemble. Emporté par cette énergie, et bien que sa partie soit désormais terminée, le soliste vit les dernières mesures tempétueuses du concerto avec l’orchestre et lève son archet en parfait synchronisme avec le pupitre de violons.