Le 6 février 2015 l’Orchestre National du Capitole de Toulouse et Orfeón Donostiarra offraient à la Philharmonie de Paris une Grande Messe des Morts de Berlioz qui avait marqué les esprits et mettait en valeur les grandes qualités musicales de ces interprètes. En ce 29 avril, à la Halle aux Grains de Toulouse, ces mêmes musiciens n’ont pas complètement convaincus dans un Roméo et Juliette de Berlioz qui s’est avéré inégal. Serait-ce lié à un effet « salle » ?
On sait que Roméo et Juliette, « symphonie dramatique » selon l’auteur, est atypique, contrasté et peut même parfois paraître décousu. Hector Berlioz dans ses Mémoires en parlait ainsi « elle présente des difficultés immenses d’exécution, difficultés de toute espèce, inhérentes à la forme et au style…Il faut pour bien la rendre des artistes de premier ordre, chef d’orchestre, instrumentistes et chanteurs… »
Coté chanteurs, le niveau sans être déshonorant n’était pas exceptionnel. La mezzo canadienne Julie Boulianne chantait avec maîtrise, mais sans parvenir à capturer l’attention, ses deux strophes initiales accompagnées avec délicatesse par les harpes. Loïc Felix, à la prononciation impeccable, réussissait le difficile scherzetto qui suit. Dans la scène finale, le Père Laurence de Patrick Bolleire, pourtant bien disant et bien chantant, n’avait pas tout à fait les graves nécessaires, et plus gênant, ne parvenait pas à transmettre l’empathie et l’autorité nécessaires à ce rôle clé.
On retrouvait chez Orfeón Donostiarra, l’ensemble choral basque attitré de l’Orchestre National du Capitole depuis les années Plasson, ses habituelles qualités à savoir une précision sans faille, une intonation constamment juste, un engagement palpable, un rare sens des nuances et de la polyphonie sans même parler d’une tenue impeccable sur scène. Ils ont fait du mieux qu’ils pouvaient avec la langue française et les étonnantes et délicates expressions qui jalonnent de bout en bout cette partition.