Comme pour couronner une semaine marquée par l’alternance de précipitations (dont une tempête de neige) et de ciels ensoleillés, le concert « Le Printemps de Schumann » de l’Orchestre Métropolitain s’est déroulé sous le signe du contraste. Le chef Jordan de Souza a en effet intensément exploité cet élément, et son approche, alliée à des prestations exceptionnelles du violoncelliste Maximilian Hornung et de l’orchestre, a fait de la soirée un grand succès.
De Souza et Hornung n’ont certainement pas eu de difficulté à s’accorder sur le sens à donner au Concerto pour violoncelle de Schumann. Dans l’exécution, tout concourt à marquer les oppositions d’humeur. L’orchestre aussi bien que le soliste traitent avec le plus grand soin les nuances et les silences, de même qu’ils veillent à varier l’expression là où le texte l’exige. Les phrasés caractéristiques de Hornung débutent par une projection ferme, presque plate, puis se terminent par un vibrato généreux, affolé par endroits. Le goût du contraste est frappant dans le deuxième mouvement en particulier où l’expression change du tout au tout. Loin de l’ostentation émotive du premier mouvement, Hornung adopte ici un ton rasséréné, avec des doubles cordes sobres et des respirations profondes, qui donnent à cette partie de l’œuvre un aspect très rafraîchissant. Pour la relation du soliste avec les autres instrumentistes, elle est symbiotique : Hornung, quand il ne joue pas, se laisse bercer par la musique de l’orchestre et y puise son énergie pour livrer ses propres lignes, comme dans l’époustouflante cadence du troisième mouvement. De plus, ses fins de phrases ne pâtissent jamais d’un volume fort chez les autres instrumentistes. Cette qualité s’apprécie notamment dans les dernières mesures du mouvement final, où le violoncelle s’esquinte à coups d’arpèges montants et parvient à se faire entendre jusque dans le registre le plus aigu, malgré de fermes ponctuations à l’orchestre. Aux instances d’un public conquis, Hornung offre en rappel un extrait d’une des suites pour violoncelle de Johann Sebastian Bach.