Imaginerait-on la messe Peuple, battez des mains de Jo Akepsimas donnée au Teatro Colón de Buenos Aires ? C’est pourtant un honneur semblable qui est fait à la Misa Criolla d’Ariel Ramirez, donnée ce soir à l'Opéra du Capitole de Toulouse. Ces deux œuvres ont toutes deux en commun d’être les fruits d’une forme de libération de la liturgie, au lendemain du concile de Vatican II.
Pourquoi ce succès de la messe argentine ? Son écriture tonale, ses airs simples et vibrants, ses rythmes indigènes la rendirent populaire dès le premier disque enregistré par le compositeur lui-même. Elle fut aussi chantée par les plus grands comme José Carreras. Enfin, elle n’est pas solfégiquement difficile (puisque destinée à être chantée dans les églises) : elle constitue un bon socle du répertoire amateur.
Ce soir donc, le chanteur et chef baroque suisse d’origine chilienne Emiliano Gonzalez Toro rassemble quelques amis pour donner sa vision de la messe argentine. Son comparse le ténor mexicain Ramón Vargas et le Chœur de l’Opéra national du Capitole complètent le plateau. Une tenture rouge aux tons chatoyants et mouvants ferme la scène. Il faut se faire à la sonorisation : l’équilibre entre les solistes, le chœur et les instruments confidentiels comme la guitare ou le charango est fragile. Surtout quand Emiliano Gonzalez Toro n’achève pas ses phrases au micro, faisant volte-face pour donner des indications aux choristes. Il faut aussi se faire à la présence d’un grand Steinway, en place du petit clavecin populaire qu’on attendait. L’introduction de l’Agnus s’en trouve défigurée. Mais enfin, l’ensemble a tout de même de la tenue !