Connaissez-vous vraiment l’œuvre de Mendelssohn ? En dehors de son célèbre concerto pour violon et de ses dernières symphonies connaissez-vous la diversité du catalogue de ce pianiste prodige et compositeur précoce ? Placé entre un certain Beethoven, un certain Schubert ou un Weber, tiraillé entre deux courants musicaux : classique et romantique et dans une époque où les compositeurs rivalisent d’inventivités pour renouveler l’écriture symphonique ; Mendelssohn souffre encore aujourd’hui d’un déficit de notoriété face à ses illustres confrères. Le Festival Radio France de Montpellier, fidèle à sa ligne artistique originale, proposait ce soir un concert mettant à l’honneur les œuvres essentiellement de jeunesse du compositeur allemand. Un concert intitulé « Chez Felix », en toute intimité et à l’allure chambriste. Surtout, la principale satisfaction du concert a résidé dans l’opportunité d’entendre aussi bien des lieder, un concerto pour piano ou encore une symphonie mettant ainsi en avant le talent d’un compositeur apte à toucher un peu à tout.
Le concert s’ouvre avec une première découverte : l’ouverture du Singspiel Turandot (1816) du compositeur Franz Danzi (1763-1826). Ouverture résolument classique que l’on pourrait prêter à un certain Mozart en fin de carrière. L’Orchestre de Chambre de Paris placé sous la direction de son directeur musical Douglas Boyd en livre une interprétation majestueuse et donne le ton du concert qui restera à un niveau d’exigence musicale et technique élevé.
Vient ensuite Natalie Dessay dont on ne saurait trop manifester notre bonheur de la retrouver sur une scène lyrique. Ces quatre lieder sont une occasion pour notre soprano nationale de montrer son talent de musicienne, de conteuse d’histoire qu’elle a toujours eu à cœur d’exposer au cours de sa carrière.
Suleika, sur un texte de Goethe, est justement mélancolique et empreint de l’espoir de retrouver l’amour perdu. Die Liebende schreibt (l’amoureuse écrit) est également très touchant avec une répétition très théâtrale sur les derniers vers : « gib mir ein Zeichen » (donne-moi un signe). Dans le Nachtlied (chant nocturne) Natalie Dessay livre une interprétation grave digne d’une marche funèbre. Enfin, Hexenlied (la chanson de sorcières) est justement malicieuse, espiègle à souhait. De manière générale on louera la prononciation allemande très soignée et un travail du texte très précis et vivant qui permet de faire varier des mélodies pourtant répétitives. La musicalité est également à louer : interprétation toute pleine de nuances et de contrastes dans la couleur de la voix. Et comme le public a toujours raison, l’avis d’une spectatrice placé juste derrière doit être exposé : « C’était trop court ! ». Oui vraiment trop court ! D’autant plus court que l’alchimie obtenue avec le pianiste Philippe Cassart émerveille. Le pianiste très attentif au texte et à la chanteuse offre un tapis sonore d’une grande subtilité. Ce duo d’une homogénéité magnifique a offert aux spectateurs de l’Opéra Berlioz un moment suspendu, d’une grande intimité.