En invitant l'Orchestre National de Russie, l'Auditorium de Lyon incite à la découverte et au voyage, qu'il soit historique, émotionnel ou merveilleux.
En première partie, nous sommes plongés dans l’Histoire de France, avec la pièce de Gordon Getty, Joan and the Bells, une cantate pour orchestre, chœur mixte, soprano et baryton. Cette pièce, pourtant assez courte, nous fait pénétrer dans une atmosphère dramatique en retraçant un épisode historique sombre, celui du procès qui précède l’exécution de Jeanne d’Arc. Pour mener à bien son intention et souligner le caractère de la situation choisie, le compositeur contemporain ne fait pas appel à l’atonalité, bien au contraire, mais joue sur d’autres ressorts : la puissance et les couleurs qu'offrent la formation.
À la voix vindicative et forte de l’accusateur, joué par le baryton Lester Lynch, s’oppose l’innocence de Jeanne, parfaitement interprétée par la voix claire et limpide de Lisa Delan, quoique malheureusement souvent couverte par l’orchestre dont les cuivres sont très présents. Les ambiances se succèdent et plusieurs tableaux expressifs sont dépeints : aux ambiances feutrées des cordes succèdent soit la puissance des vents, soit des passages au caractère plus marqué, presque surnaturel, notamment avec les interventions du célesta, de la harpe – bien mise en valeur ici alors qu’elle est souvent noyée dans les divers sons de l’orchestre – ou encore des cloches qui rappellent le titre et les visions de l’héroïne. Les interventions du chœur, quant à elles, soulignent le drame qui se joue devant nos yeux, et appuient le côté tragique et inexorable de la condamnation.
L’effectif sur scène diminue pour la suite du concert : l’orchestre reste seul en scène puis est rejoint par la pianiste Lise de la Salle pour le Concerto pour piano no.1 de Rachmaninov. Dans le premier mouvement, le caractère est triomphal, conquérant, et la pianiste exécute avec virtuosité ses octaves et accords, avant d’esquisser un thème plus suave et mélancolique. Lise de la Salle réussit à varier son jeu d’un instant à l’autre, d'une main à l'autre : l’une est puissante quand l’autre est douce, l’une soutient et s’efface au profit de la mélodie interprétée par l’autre, sans pour autant que l’équilibre des voix ne soit perdu.