S’étendant sur un peu plus de trois semaines, les Flâneries musicales de Reims associent à la variété des artistes invités et des répertoires abordés une grande diversité de lieux de concert. C'est ainsi qu'en ce vendredi soir, on prend place sous les voûtes de la Salle Louise du superbe Domaine Pommery, un impressionnant espace de 50 hectares qui comprend non seulement les caves où mûrit le précieux liquide mais aussi un très beau parc, et qui accueille en outre des expositions d’art contemporain.
Xavier Phillips et Cédric Tiberghien ont composé un programme de choix s’ouvrant sur une Sonate « Arpeggione » de Schubert qui permet d’immédiatement apprécier les qualités des interprètes, à commencer par la superbe sonorité du violoncelle de Xavier Phillips aux riches graves et aux aigus prenants, la noblesse de ses phrasés et sa sensibilité au lyrisme doux-amer de Schubert. Quant au piano de Cédric Tiberghien, il se montre un partenaire exquis, d’une magnifique transparence et toujours subtilement à l’écoute de son partenaire. On admire la façon dont le violoncelliste réussit à laisser la musique parler pour elle-même avec une fine pudeur qui évite tout épanchement indu. Et comme il sait chanter dans l’Adagio avant de conclure sur un Allegretto plein d’esprit où son archet sautillant et ses pizzicati parfaitement dosés bénéficient de l’appui d’un pianiste plein d’allant, ferme mais sans raideur.
Après l’ambigüe douceur schubertienne, on passe à la sombre véhémence de la Sonate pour violoncelle et piano de Frank Bridge. Reims étant bientôt le port d’attache de la délégation du Royaume-Uni qui s’alignera aux Jeux Olympiques de Paris, la musique britannique occupe une place de choix dans les programmes des Flâneries cette année. Prenant la parole avant l’exécution de l’œuvre, Xavier Phillips explique qu’il est très heureux de cette demande de la direction du festival, ayant beaucoup écouté cette sonate de Bridge dans l’enregistrement de Mstislav Rostropovitch (avec au piano Benjamin Britten, dont Bridge fut le maître).