Alors que Pâques est derrière nous, le Théâtre des Champs-Élysées joue les prolongations en nous proposant, pour notre plus grand bonheur, l’Oratorio pour la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ d’Alessandro Scarlatti. Une joute verbale opposant la Faute, la Grâce et le Repentir, où la Grâce, interprétée par Valer Sabadus, l’emporte.
Composé par Scarlatti à l’occasion du Carême en 1708, tout comme La Resurrezione de Haendel jouée quelques jours plus tard, pour le Cardinal Pietro Ottoboni, auteur du livret et commanditaire de l'œuvre par ailleurs, cet oratorio s’inscrivait dans un cycle de huit oratorios commandés aux meilleurs musiciens alors actifs à Rome. Chef-d’œuvre du baroque romain, également connu sous le nom La Colpa, Il Pentimento, La Grazia, cet oratorio traite les trois personnages sous forme d’allégories qui discourent, chacune évoluant sur une musique appropriée. La partition de Scarlatti, destinée à trois solistes (deux sopranos et un contralto), mêle airs grandioses comme celui de la Faute « Trombe che d’ogni intorno » évoquant le Jour du Jugement dernier, et richesse instrumentale avec l’utilisation des cordes, des trompettes, trombones et timbales. Philippe Jaroussky interprétait La Faute, Valer Sabadus lui répondait en Grâce, tous deux attendant la clémence du Repentir interprété par Sonia Prina.
La première partie reste marquée par une présence orchestrale trop forte, au détriment des voix. Philippe Jaroussky peine à restituer la gravité du rôle de la Faute et ne convainc pas lors du « Trombe, che d’ogni intorno » où sa voix peine dans les aigus. Sonia Prina, dont la voix manque au début d’amplitude et semble étouffée par l’orchestre, interprète avec beaucoup de profondeur l’air de « l’amour divin » et livre des récitatifs ciselés. Toutefois c’est Valer Sabadus qui marque les esprits avec l’amplitude de sa voix et la beauté de ses aigus cristallins et lumineux… quasi célestes. Il interprète avec finesse la figure de la Grâce dont il magnifie la vivacité et le caractère enjoué.