Nous voilà au concert inaugural de ce « Crazy Week-End » à l'Auditorium de Lyon dans le cadre de la Biennale Musiques en Scène 2018. A en croire le programme, le concert de ce soir s'inscrit au cœur de « trois journées pour repousser les limites, toutes les limites : sensibles, logiques, émotionnelles, sans oublier, bien sûr, les limites purement artistiques du jeu instrumental et de la perception musicale ». Voyons donc si les œuvres interprétées ce soir répondront à cette ambition !
La soirée commence avec Psaume (Fescobaldi in Memoriam II) de Michaël Levinas, une œuvre fraîchement commandée par l'Auditorium au célèbre compositeur. Quatre harpes dialoguent avec un piano et un célesta. La conversation est ponctuée par les interventions des cordes ou des vents qui se superposent afin de créer une masse sonore dense. Les instrumentistes jouent sur les textures et travaillent le matériau qui enfle et se défait à souhait si bien que l'écoute en est vite brouillée. On se sent comme un navigateur dont la boussole ne fonctionnerait plus et qui peine à rejoindre la côte paisible des rivages harmoniques.
L'ouverture de Don Giovanni vient brutalement trancher dans le paysage mystique de Levinas. Il est difficile pour l'auditeur de passer d'une esthétique résolument contemporaine au classique Mozart. Une fois encore, on est un peu désemparé et notre oreille peine à s'accrocher. Les couleurs sont chatoyantes mais l'ensemble sonne peu si bien que les crescendo et descrecendo nous semblent, malheureusement, bien timides.
Cette première partie s'achève avec The Riot of Spring de Dimitri Kourliandski, qualifié « d'électroballet » en pensée pour Le Sacre du Printemps. Nous n'entendrons qu'une seule note : un ré dans lequel les instrumentistes sont autorisés à ajouter des effets. On joue entre la touche et le chevalet, on vibre plus ou moins, etc. Le chef, Baldur Brönnimann, décide des entrées successives des uns et des autres et intime également aux musiciens de descendre dans le public pour échanger quelques mots ou faire essayer son instrument. La pièce est donc permanente re-création participative.