Jeudi 24 septembre, la Philharmonie 2 / Salle des Concerts (ancienne Cité de la Musique) accueillait les deux ensembles de Laurence Equilbey, le chœur Accentus et Insula Orchestra, pour un programme constitué des Vêpres solennelles de Mozart et du Magnificat de C.P.E. Bach.Deux grandes œuvres qui ont fait l’objet d’une interprétation tristement rigoureuse, où la technique étouffait l’émotion. Bien que les choix artistiques de Laurence Equilbey soient cohérents et que son approche des œuvres ne les dénature pas, l’absence de ferveur dans la restitution de ce type de musique pose un réel problème.
Composées en 1780, les Vêpres solennelles d’un confesseur K339 de Mozart comportent six parties, qui correspondent à la mise en musique de cinq psaumes plus un magnificat final. Les trois premiers, Dixit Dominus, Confitebor et Beatus vir, se ressemblent beaucoup stylistiquement parlant, faisant intervenir le chœur surtout, lequel est rejoint de temps à autre par les solistes. Laurence Equilbey dirige Accentus et Insula Orchestra de façon très précise, en prenant soin d’accorder autant d’attention au chœur qu’à l’orchestre ; ses gestes sont maîtrisés, assez peu amples mais toujours efficaces – on sent là le travail de longue haleine entre la cheffe et les musiciens. Mais l’intention est trop sévère : cela résulte en une sonorité sèche, un phrasé rigide et une accentuation durcie. Pourtant, le chœur présente un bel équilibre entre les pupitres, et restitue des nuances soignées. Les voix solistes sont homogènes, aussi bien entre elles qu’avec le chœur. Le dialogue entre chœur, solistes et orchestre fonctionne parfaitement, les lignes mélodiques et harmoniques circulent en fonction de la répartition du son entre instruments et voix. Ce qui pose problème, ce n’est pas l’exactitude technique des interprètes, c’est le sentiment de discipline extrême qui s’en dégage ; les différentes parties de l’œuvre semblent lissées, égalisées, et les contrastes esthétiques sont noyés dans une métrique impeccable. Les couleurs sonores ne sont pas absentes, loin de là, néanmoins l’émotion interprétative semble absente chez les musiciens, ce qui compromet la naissance de l’émotion chez le public. Par exemple, le « Amen » du Beatus vir est prononcé avec une telle aridité (un quasi staccato vraiment abrupt) qu’il résonne à peine et retombe immédiatement, alors que par définition il s’agit d’une fin de psaume, qui devrait s’élever vers Dieu à qui il s’adresse.