Amateurs de ballets narratifs traditionels, passez votre chemin ! Impressing the Czar de William Forsythe, interprété par le SemperOper Ballett Dresden, est une critique caustique des conventions de la danse classique. Double référence aux ballets somptueux de l’époque de Petipa où costumes chatoyants et morceaux de bravoure se succédaient pour impressionner le Tsar et au ballet narratif de la période romantique Impressing the Czar ne garde qu’un élément : le découpage traditionnel en actes, soit ici quatre parties et cinq tableaux.
A première vue toutefois, l’ambiance fastueuse est respectée dans le premier acte « Signature Potemkine » où costumes et accessoires dorés confèrent à la scène un air princier vite remis en cause par les pas de danse moderne désarticulés. Le chorégraphe cherche à montrer la dimension théâtrale du ballet, ce que met parfaitement en exergue la troupe du Semperoper Ballett Dresden. Leur danse se fait tantôt élastique, tantôt pleine de finesse et les mimiques se révèlent d’une profonde justesse. On s’interroge un instant sur cette danse, ni aérienne ni terrienne mais profondément théâtrale et qui rend avec une grande justesse ce foisonnement de scènes, de gags et de quiproquos. Une théâtralité poussée parfois à l’extrême.
In the Middle, Somewhat Elevated – ballet créé séparément puis intégré par la suite par le chorégraphe dans Impressing the Czar – se révèle moins convaincant. Les pas sont certes, techniquement, de grande qualité mais l’ensemble manque de nervosité, de mordant et de piquant. On y relève parfois une certaine imprécision, comme si les danseurs hésitaient entre plusieurs interprétations et restaient dans un entre deux mondes. Une interprétation un peu trop sage qui nous laisse sur notre faim.