Parmi la riche programmation de sa saison - et en dépit de la fermeture de sa grande salle habituelle, le Stadtcasino, en travaux jusqu'en 2019 - la Société Musicale de Bâle a proposé un concert symphonique tout à fait "classique", le 27 janvier dernier à la Martinskirche : le Concerto pour piano n° 3 de Beethoven et la Symphonie n° 1 de Brahms. En dépit d'un lieu qui n'est sans doute pas parfaitement adapté à une telle formation symphonique, le public a pu applaudir les interprètations rigoureuses et pleines de vivacité d'Alexei Volodin au piano et de Pietari Inkinen à la direction du SWR Sinfonieorchester. Ils assuraient brillamment le remplacement, respectivement, d'Arcadi Volodos et de David Zinman, empêchés pour raison de santé.
Dans le 3ème Concerto de Beethoven, soliste et orchestre obtiennent une parfaite cohésion. Si l'introduction orchestrale du 1er mouvement est peut-être un peu lente et manque de relief, l'entrée du soliste impose un vif tempo immédiatement et subtilement repris par l'orchestre, malgré quelques ralentissements à intervalles réguliers. Le dialogue soliste-orchestre, aux enchaînements parfaits, témoigne d'une intelligence remarquable dans l'art de soutenir, de souligner les lignes mélodiques et les accords du piano. Les gammes ascendantes qui conduisent le pianiste aux reprises du thème initial ainsi que ce thème lui-même donnent, sous les doigts d'Alexei Volodin, une sensation de fluidité perlée où les notes ressortent de manière distincte et dynamique. La cadence proposée par le soliste est empreinte de forts contrastes dynamiques et de nombreux effets de rubato, produisant ainsi un cours de jeu qui semble comme attiré par les passages de grande dextérité. Option magistralement assumée par l'interprète.
L'introduction par le piano du thème initial du second mouvement constitue la description d'un paysage pittoresque plus qu'elle ne laisse place à une certaine intériorité. C'est à l'orchestre qu'il revient, en écho, de révéler ce qui, dans ce thème, peut renvoyer à une inspiration plus méditative. Le dernier mouvement confirme la belle complémentarité entre la virtuosité du pianiste et la finesse de l'accompagnement, en particulier dans les quelques mesures fuguées confiées aux divers pupitres et dans l'intervention de la clarinette. L'ensemble constitue un compromis réussi entre puissance et légèreté.