L’Orchestre de la Suisse Romande préparant sa tournée qui le mène en Chine et en Inde, je reviendrai plus loin sur la deuxième symphonie de Brahms déjà commentée dans la critique du dimanche 17 avril, où les mêmes qualités avoisinaient les mêmes défauts. C’est donc avec une Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel que le concert s’ouvrait avec un cor solo nuancé mais qu’on a senti néanmoins sur des œufs… La belle atmosphère ondine de l’œuvre fit resplendir les beaux équilibres de l’orchestre, tout en retenue, mais laissant néanmoins s’épanouir ce beau soleil ravélien.
C’est avec le Concerto pour violon de Beethoven que nous avons pu apprécier l’Orchestre de la Suisse Romande sous son meilleur jour : son ramassé, dense, violons très homogènes, bon équilibre des vents. Et si toutes ces caractéristiques ont terriblement manqué dans la symphonie de Brahms qui suivait, ici tout n'est que retenue, sens de la mesure, l’orchestre attentif au violoniste, tout de douceur: ici rien de rugueux, rien d’outrancé : mesure et modération pour ne pas dire sobriété sont les caractéristiques de la vision de Renaud Capuçon au sujet de ce concerto. Le violoniste offre un romantisme serein, son legato est parfait, son violon rayonnant, chaque note est extrêmement bien amenée, chaque phrase ourlée comme le serait une robe de haute couture : avec art, précision, finesse et style rendant le tout outrageusement fluide, sensuel, en un mot : divin !
La cadence fut très souple, privilégiant une certaine onctuosité et une certaine douceur à un romantisme plus échevelé. La reprise du basson solo d’Afonso Venturieri est d’une suavité équivalente aux phrasés du violoniste, révélant la qualité musicale de l’orchestre qui durant tout ce premier mouvement a offert un beau dialogue.
Et c’est après des applaudissements nourris d’une partie d’un public, visiblement novice et conquis par ce premier mouvement, que le « Larghetto » installa cette atmosphère paisible aux cordes, suaves à souhait, le violon s’élevant plein de sensibilité, rehaussé par une clarinette solo toute de nuance et du toujours très musical basson d’Afonso Venturieri, les deux solistes soulignant le riche timbre du violon. Et si la grâce de l’édifice est parfait, les pizzicati pianissimo des cordes viennent souligner ce moment éthéré d’un violon au chant élyséen.