Pour leur deuxième étape parisienne de la saison au Théâtre des Champs-Élysées, qui est leur lieu privilégié d'expression dans la capitale, les musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Vienne avaient choisi un mini festival Brahms, pour la première fois à Paris sous la baguette de Christoph Eschenbach. Après les Deuxième et Quatrième symphonies la veille, la soirée du 15 avril était consacrée au concerto pour violon et à la Symphonie no. 1.
Dès l'entrée en scène des Viennois, deux surprises : d'une part la disposition des musiciens qui répartit "à l'ancienne" les premiers et seconds violons de part et d'autre du chef et installe les cordes graves sur la gauche de la scène. D'autre part la présence d'un premier violon féminin, en la personne d'Albena Danailova, qui surprend agréablement dans un orchestre où quelque dix femmes sont présentes parmi les postes de cordes tuttistes.
Christoph Eschenbach est un familier de ce répertoire brahmsien, qu'il a souvent servi quand il était directeur musical de l'Orchestre de Paris. Pourtant il n'est pas à son meilleur dans le concerto pour violon, même s'il ne s'abandonne pas aux tempos alanguis dont il est souvent coutumier. L'orchestre, dont la sonorité n'est pas en cause, y semble brouillon, en particulier les cuivres qui sont souvent proéminents. Malgré une gestique un peu grandiloquente, le chef peine à donner une unité à l'œuvre et déçoit quelque peu, même si le public venu en masse ne semble pas lui en tenir rigueur.
Heureusement Leonidas Kavakos, l'un des grands violonistes du moment, sait rendre tout son caractère au lyrisme de Brahms et déploie beaucoup de subtilité. On avait beaucoup apprécié ses diverses prestations parisiennes avec Paavo Järvi, en particulier un mémorable Sibélius en 2013. Il se joue également sans problème des difficultés de la partition de Brahms notamment dans la délicate cadence aux nombreux passages en cordes multiples, ainsi que dans le redoutable finale. Le violoniste donne également toute la mesure de son éclectisme dans deux bis de Bach, dans lesquels il transmet une belle émotion, retrouvant pour ces pièces une sonorité droite quasi baroque.