Nouveau visage de la danse contemporaine flamande, Jan Martens présente sa nouvelle création Rule of Three à l’Espace Pierre Cardin. Après Sweat Baby Sweat (2011), qui travaillait sur un mouvement au ralenti et The Dogs Day are Over (2014), où un groupe de danseurs passait la pièce à sauter, Rule of Three explore une nouvelle dimension du mouvement, la synchronisation et la désynchronisation, dans une tentative artistique peu convaincante.
Dans Rule of Three, trois danseurs développent des phrases chorégraphiques individuelles qui entrent en synchronisation puis se désynchronisent grâce à une rythmique appuyée. Les trois danseurs sont eux-mêmes physiquement et artistiquement assez désaccordés : les deux interprètes masculins Steven Michel et Julien Josse partageant une expérience commune du travail de Jan Martens, tandis que Courtney May Robertson, petite, râblée et dotée d’une technique tout en force, détonne étrangement dans le trio. Un batteur joue en live et, grâce au raccordement de son instrument à l’éclairage de la scène, déclenche des projecteurs en fonction de l’intensité de ses frappes. Les danseurs sautent au rythme de la pulsation, saccadent leur mouvement, dans une danse inspirée du break, et répètent de longues et éprouvantes séries de mouvement.
Si l’on peut facilement comprendre dans le titre de « règle de trois » la référence à la dynamique chorégraphique qui anime le trio de danseurs, le titre semble oublier la présence structurante du quatrième interprète live de la pièce : le batteur. Pourtant, de la même façon que les danseurs, la percussion propose une performance d’endurance et de précision. Mais le batteur installé en fond de scène n’entre pas en relation avec les danseurs. Cet oubli regrettable dans la « règle de trois » est en fait un indice de l’absence de réflexion scénographique : on se demande bien pourquoi Jan Martens a ramené un musicien sur scène, si c’est pour le laisser en retrait.