Je passerai comme chat sur braise sur Climax pour orchestre dansant et danseur d’Ofer Pelz, œuvre qui ne m'aura pas convaincu malgré l’engagement du danseur et chorégraphe Nicolas Cantillon, seul devant l’orchestre et le chef qui se plient eux aussi à des mouvements scéniques - heureusement et malheureusement assez limités, l’orchestre dodelinant de la tête en effets de vagues. Non, ce soir, c’est bel et bien Sandrine Piau qui était la reine de la nuit genevoise.
Constituée de brillants jeunes musiciens, la Geneva Camerata offre un son très homogène, des cordes enthousiastes, une petite harmonie fine, des timbales d’une douceur rêvée. David Greilsammer dirige la petite équipe les mains suspendues en hauteur, variant assez peu sa gestique. On aura regretté tout au long du programme qu’il soit resté définitivement plus tourné vers les voix hautes, au détriment d’un pupitre de basse toujours fondu mais peu mis en valeur.
Que ce soit pour le Chaos de Rebel, les différents airs de Mozart ou de Rameau, l’orchestre témoigne d'un plaisir évident à jouer ensemble et c’est avec délectation que l’on a goûté tout au long de la soirée au basson solo et à sa musicalité. Le Prokofiev de David Greilsammer sonne bien, mais un peut-être peu gentil, le chef lissant les aspects grinçants.
C'est avec les interventions de Sandrine Piau que la soirée se transforma en bonheur total. La soprano française construit au fil des ans une carrière raisonnée, s’appuyant sur son timbre magnifique ainsi que sur une vraie intelligence du texte et à la dramaturgie. Merveilleuse dans le musique baroque et dans Mozart, mais aussi chez Britten et Poulenc pour lesquels elle voue une vraie passion, la soprano laisse une vraie empreinte artistique à chacune de ses incarnations.