C’est à un beau programme dans le style français que nous conviait l'Orchestre de la Suisse Romande en offrant les Valses nobles et sentimentales de Ravel , le très beau concerto Tout un monde Lointain pour violoncelle d'Henri Dutilleux, avec Truls Mørk en soliste, puis les Arcanes Symphoniques du suisse Richard Dubugnon, et pour finir, La Mer de Claude Debussy.
La première valse est menée tambour battant avant l’entrée de la flûte aux couleurs bleutées, sous la direction amples et aux gestes délicats de Jonathan Nott, futur directeur musical et artistique de l’Orchestre de la Suisse Romande dès la saison 2016-2017. Dans une très belle ambiance de rêverie éveillée à laquelle nous convie ce Ravel délicat, l’Orchestre de la Suisse Romande fait resplendir les différents timbres de ses vents ductiles, de ces cuivres racés, sur le velours de cordes pléthoriques.
Le concerto pour violoncelle d’Henri Dutilleux Tout un monde lointain, offre au magnifique Truls Mørk l’occasion de nous ravir de sa vision de la pièce avec un violoncelle aux couleurs diaphanes… Passant d’aigus splendides, sur la brèche, à des graves boisés, la partition soliste parcourt la totalité de l’ambitus de cet instrument dans une vision totalement investie, soulignant la poésie distillée par ces longues phrases étirées et relayées par un Orchestre de la Suisse Romande totalement inspiré. Cette musique tout en ombres chinoises, donne cette impression d’une gangue orchestrale dense d’où le violoncelle solo émerge de manière fluide et subtile. L’œuvre, quoique très moderne, offre à entendre une sensibilité qui convient bien aux autres ouvrages qui la côtoient… de ces touches impressionnistes, on y entend un discours clair, sensible, tantôt énergique, tantôt suave de la part du soliste relayé par un Orchestre de la Suisse Romande aux aguets, comme l’Hymne l’aura vigoureusement démontré, pour finir dans un léger bourdonnement jusqu’à l’évanouissement de ce violoncelle somptueux. Emotion, émotion !