Nous consacrons le mois de Janvier à la musique contemporaine avec une série d'entretiens auprès de solistes d'ensembles spécilalisés. Aujourd'hui, nous rencontrons Julie Trudeau, violoncelliste au Nouvel Ensemble Moderne de Montréal.
Pourquoi avez-vous décidé de vous spécialiser dans le répertoire contemporain ?
Je n’ai jamais pensé me diriger vers la musique contemporaine. Elle est venue à moi. Des occasions se sont présentées et m’ont fait réaliser que j’avais une certaine facilité pour ce langage.
La possibilité de communiquer, travailler et créer des œuvres de compositeurs vivants m’a fascinée dès le début. En tant qu’interprète, nous passons notre vie à analyser et essayer de comprendre l’intention de, par exemple, Beethoven dans telle ou telle sonate etc... Maintenant, j’ai la possibilité dans la plupart des cas, d’en discuter avec les compositeurs ou de travailler avec des musiciens qui les ont côtoyés. Cela m’apporte une toute nouvelle perception et une ouverture d’esprit pour l’interprétation du répertoire non contemporain.
Est-il plus difficile d'interpréter la musique contemporaine que le répertoire classique ? Par exemple, est-il plus difficile de maîtriser certains aspects techniques ?
L’exploration poussée des possibilités de l’instrument; le résultat sonore qui prime sur la technique; la recherche de ces moyens techniques pour obtenir le texte musical désiré, tout cela a fait de moi une meilleure violoncelliste.
Mais, selon moi, chaque style de musique a ses difficultés. Si la musique contemporaine m’a poussée aux extrêmes de l’instrument et à un contrôle technique plus avancé, quand je reviens au répertoire classique, je dois être centrée d’une différente façon. J’ai besoin de retrouver un autre genre de son, donc physiquement, je dois retrouver mes repères dans le corps. Passer de Xenakis à Brahms, il y a un temps d’adaptation nécessaire ! Chaque style de musique a sa propre position, technique, perception... Ces distinctions sont très nettes dans mon esprit et dans mon corps, et il en va de même quand j’improvise du Blues ou Jazz avec des amis ! Et je dois dire que le jazz m’a beaucoup aidée en musique contemporaine à sentir tous ces rythmes complexes ; si on pense jazz, on y trouve une ligne fluide ! Tout est relié ! Music is music…
Pensez-vous que votre approche de la musique soit similaire, par certains aspects, à celle des ensembles de musique ancienne ?