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Longs week-ends lettons : le top des orchestres à Riga-Jurmala

Par , 10 décembre 2019

Même s'ils organisent des événements dans un certain nombre de lieux, la plupart des festivals de musique classique dans le monde sont basés dans une seule ville. Pas Riga-Jurmala. Comme son nom l'indique, ce festival – inauguré l'été dernier seulement – se déroule à la fois dans la capitale lettone (Riga) et dans la station balnéaire phare du pays (Jurmala). Ces deux lieux époustouflants se partagent une vingtaine de concerts répartis sur quatre week-ends en juillet et août, l'idéal pour une escapade d'un week-end prolongé. Les touristes avides de culture ont en effet déjà repéré le potentiel du festival : lors de sa première édition, Riga-Jurmala a compté quelque 16 000 visiteurs provenant de 50 pays, un public véritablement international.

De nombreux événements organisés à Riga ont lieu à l'Opéra national de Lettonie, qui abrite les compagnies nationales d'opéra et de ballet, tandis que les concerts à Jurmala ont lieu dans la salle de concert Dzintari, une salle partiellement ouverte sur l'extérieur qui a impressionné notre critique l'été dernier. « Si j'étais pianiste, écrivait Roy Westbrook en août dernier, je transporterais l'acoustique de cette salle avec moi et j'insisterais pour l'utiliser à chaque fois. » Pas étonnant que Yuja Wang ait eu l'air si ravie d'y jouer Rachmaninov avec l'Orchestre philharmonique d'Israël.

L'orchestre israëlien reviendra à nouveau l'été prochain, mais cette fois-ci à Riga et avec son directeur musical, Lahav Shani, qui s'apprête à prendre le relais du chef vétéran, le très aimé Zubin Mehta. Shani s'est fait remarquer en tant que chef d'orchestre principal de l'Orchestre philharmonique de Rotterdam où son excellente technique et sa volonté de prendre des risques ont porté leurs fruits dans de belles performances, comme dans son récent Sacre du printemps dans la salle même où le ballet de Stravinsky a été créé, à Paris en 1913. Pas de Stravinsky à Riga cependant, où le philharmonique d'Israël se concentrera sur le grand répertoire symphonique, dont une Symphonie n° 4 de Tchaïkovski marquée du sceau du destin et le Concerto pour orchestre de Bartók, une épreuve de virtuosité pour chaque pupitre qui avait été commandée par Serge Koussevitsky pour démontrer l'éclat de son Boston Symphony Orchestra. Le violoncelliste français Gautier Capuçon, qui interprètera l'éternel Concerto pour violoncelle de Dvořák, et Sir András Schiff, qui jouera le Concerto « L'Empereur » de Beethoven, se joindront à l'orchestre pour ses deux concerts à Riga. Schiff interprètera également Beethoven en ouverture du festival, un récital solo où il donnera les trois dernières sonates pour piano, pour célébrer le 250e anniversaire de la naissance du compositeur.

Chaque week-end s'articule autour d'un orchestre de premier plan. L'Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg se rendra également à Riga, apportant un double programme qui joue sur ses points forts. Depuis 1938, le plus ancien orchestre symphonique de Russie n'a eu que deux chefs principaux, Evgeny Mravinsky (1938-1988) et Yuri Temirkanov. Il a donc conservé le son singulier de ses cordes même si les cuivres ne sont plus aussi décapants qu'à l'époque soviétique ou les bois aussi mordants. Scheherazade, la suite-fantaisie de Rimsky-Korsakov sur les Mille et Une Nuits, et les Danses symphoniques de Rachmaninov offriront à l'orchestre l'opportunité de se prélasser dans des couleurs éclatantes, les deux partitions étant des œuvres de prédilection pour Temirkanov. Deux concertos de Tchaïkovski occupent une place importante dans les programmes de Saint-Pétersbourg : Behzod Abduraimov abordera le Concerto pour piano n° 1 (considéré comme injouable par le dédicataire de l'ouvrage, Nikolaï Rubinstein) et le jeune violoniste suédois Daniel Lozakovich jouera le Concerto pour violon. Parmi les autres temps forts de ce week-end à Riga, citons un récital de midi du pianiste américain George Li, médaillé d'argent du Concours international Tchaïkovski 2015. Ce n'est pas Tchaïkovski qu'il interprètera à Riga, mais un programme d'Europe centrale de Schubert et Schumann dans la salle de la Grande Guilde.

L'année dernière, le grand et regretté Mariss Jansons devait ouvrir le festival dans sa ville natale, mais il s'était retiré pour cause de maladie. Après le décès de leur chef d'orchestre en novembre, l'Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise entreprendra un triste pèlerinage en Lettonie, montant cette fois-ci sur la scène de Jurmala. Le chef d'orchestre autrichien Manfred Honeck sera à la baguette pour deux concerts à la salle Dzintari. Leur premier programme comprend la musique de l'opéra Rusalka de Dvořák dans une suite fantastique arrangée par Honeck lui-même, ainsi que la Symphonie « du Nouveau Monde » de Dvořák, pleine de thèmes populaires. Les Bavarois amèneront également deux pianistes exceptionnels en Lettonie : Hélène Grimaud, pour un concerto jazzy de Ravel ; et Nelson Freire pour celui de Robert Schumann en la mineur. Un autre plaisir de ce premier week-end à Jurmala sera l'apparition exceptionnelle de Maria João Pires, la pianiste portugaise qui a annoncé sa retraite du monde des concerts en 2017, mais qui continue occasionnellement à se produire en récital. Dans la petite salle de Dzintari, elle associera Beethoven à Debussy, avec notamment une sélection des Préludes de celui-ci.

Fin août, le deuxième week-end de Jurmala mettra en vedette un orchestre bien connu de Londres, le Philharmonia. Il s'agit du deuxième orchestre à proposer Dvořák et Tchaikovski ; le premier concert sera une des rares occasions d'entendre le Concerto pour piano n° 2 de Tchaïkovski, interprété par Alexandre Kantorow qui a récemment remporté le 16e Concours international Tchaïkovski – et seul finaliste à avoir choisi ce concerto et non le traditionnel cheval de bataille n° 1. C’est un concerto attrayant, avec de beaux solos du violon et du violoncelle dans le deuxième mouvement, et entendre jouer ce jeune pianiste français devrait être un vrai régal. S'ensuivra la robuste Symphonie n° 8 de Dvořák, pleine de rythmes bohèmes. Les deux compositeurs figurent également dans le deuxième programme du Philharmonia – l'ouverture V přírodě donnant le coup d'envoi d'une soirée qui se terminera par la Symphonie n° 5 de Tchaïkovski. Entre les deux, Truls Mørk interprètera le Concerto pour violoncelle n° 1 de Chostakovitch. Le week-end de la fin de l'été comprend également une promenade dans la neige peu adaptée à la saison, avec Matthias Goerne et Leif Ove Andsnes s'attelant au Winterreise de Schubert – un programme inhabituel pour le festival, mais attendez-vous à quelques surprises à Riga-Jurmala.

Les billets pour le Festival de Riga-Jurmala bénéficient d'une réduction de 30% jusqu'à fin décembre 2019.

Cet article a été sponsorisé par Bureau du Développement Touristique de Riga et traduit de l'anglais par Tristan Labouret.