Dès la première image et la décapitation de Maria Stuarda, le ton est donné. Une entrée en matière violente qui résume à elle seule les relations entre celle-ci et sa cousine, la reine Elisabeth Première d’Angleterre. Drame lyrique en deux actes (1835) de Gaetano Donizetti d’après la tragédie éponyme de Friedrich von Schiller, Maria Stuarda appartient à la « trilogie des Reines anglaises » du musicien avec Anna Bolena et Roberto Devereux. Deux souveraines s’opposent dans cette œuvre, la catholique Marie, reine d’Ecosse, et l’anglicane Elisabeth, reine d’Angleterre. Une guerre politique à laquelle se superpose une rivalité amoureuse, Robert Dudley, comte de Leicester étant aimé des deux femmes.
La mise en scène de Moshe Leiser et Patrice Caurier détache ces deux rivales par leur costume historique dans un décor contemporain. Une mise en scène clivante puisque le décor n’évoque ni la cour de Westminster ni le parc de Fortheringay mais une demeure et une prison contemporaines. Par ailleurs, si elle ne gêne pas l’action, la mise en scène ne la sert pas non plus, si ce n’est par le lieu d’exécution froid et clinique qui dénonce la peine de mort. Cette mise en scène insiste certes sur l’autorité – voire l’autoritarisme de la reine Elisabeth – et l’impuissance du Comte de Leicester à sauver la femme qu’il aime, ainsi que sur le rôle que joue Cecil dans la condamnation de Maria Stuarda, mais elle laisse perplexe.
Le plateau musical est dominé par ces deux femmes, tant au niveau de la partition que de l’interprétation. En effet, le comte de Leicester, interprété par le ténor Francesco Demuro, n’est pas doté par la partition de grands airs. Il ne convainc pas dans les aigus du premier acte – son duo avec Talbot semble dissonant - mais livre un très bel air plein de douceur et de nuances lorsqu’il tente de sauver Maria Stuarda. Talbot, interprété par la basse Carlo Colombara, émerge au second acte, lors de la confession, lorsque les tons se font plus bas. Quant à Cecil, il est joué par le baryton basse Christian Helmer, qui en livre une interprétation perfide et noire. On en vient même à s’interroger sur les raisons de cette haine tenace.